le Droit français, en présence de deux docteurs agrégés et de son professeur de droit[1]
« Je dois soutenir ma thèse dans les premiers jours de septembre, écrit Jean à sa tante le 19 juillet 1788, en attendant, comme c’est plutôt une formalité à remplir qu’une réelle occupation, je vais aller rejoindre M. d’Arjuzon à Louye. Je mettrai, quand même, mon temps à profit, en me perfectionnant dans l’anglais avec mon ami d’Arjuzon, qui est revenu d’Angleterre. C’est bien le plus charmant jeune homme que je connaisse… »
De même que l’année précédente, les distractions se succèdent à Louye sans interruption, laissant à peine à notre étudiant la possibilité de veiller à ses affaires. Ce sera sûrement le meilleur temps de ma vie, dit-il, je me porte bien, je suis petit de taille il est vrai, mais petit diable, je jouis de tous les plaisirs, excepté, tante Mimi, de celui de vous voir. Ah ! que n’êtes vous ici ! je n’aurais plus rien à souhaiter ! »
« Voici les nouvelles, écrit-il le 29 août : Mgr l’archevêque de Toulouse[2], qui était premier ministre, est remplacé par M. Necker. Deux arrêts avaient été publiés avant son départ : l’un pour la convocation des États-Généraux, l’autre au sujet du paiement des rentes sur l’Hôtel de ville, ainsi que sur les pensions et les rentes viagères. Il était dit que l’on paierait les trois cinquièmes en argent et les deux cinquièmes en billets pour les sommes au-dessus de 600 francs ; au-dessous, on devait payer comme auparavant. Peut-être cet arrêt ne recevra-t-il pas son exécution à présent, toujours est-il qu’il cause beaucoup de tapage à Paris[3].
« Si je le voulais, je pourrais vous en dire long encore, mais je préfère me taire ; comme on décachete toutes les lettres, il faut être prudent.
« La grêle qui est tombée ces temps derniers a occasionné, dans les provinces, une perte que l’on évalue à 8 millions de livres : aussi les spectacles donnent-ils des représentations au
- ↑ Nul ne pouvait être admis au serment d’avocat qu’en rapportant un certificat du professeur de Droit français et des autres professeurs et agrégés qui avaient assisté à l’examen.
- ↑ Loménie de Brienne.
- ↑ Pour remplir le Trésor qui était vide. Loménie de Brienne eut recours à de fâcheux expédiens, qui ne lui réussirent pas : le 16 août 1788 il fut obligé de déclarer, par arrêt du conseil, que les paiemens de l’État auraient lieu partie en argent, partie en papier-monnaie. Tout le monde fut saisi d’effroi, on crut à la banqueroute et des scènes de désordre se produisirent.