Sur ce point, les premières lumières nous sont venues du comte Goluchowski : il a fait savoir aux Délégations qu’en ce qui concernait l’Autriche-Hongrie, le renouvellement aurait lieu purement et simplement, sans modifications d’aucune sorte. Cette affirmation n’a surpris personne : la situation internationale de l’Autriche ne s’étant modifiée en aucune manière, pourquoi ses alliances auraient-elle s’subi un changement ?
Mais il n’en était pas de même de l’Italie, dont les rapports avec nous ont complètement changé de physionomie depuis quelques années. Après avoir été assez tendus, ils sont devenus et ils sont aujourd’hui amicaux et confians. Un échange d’explications, fait de part et d’autre avec franchise, a dissipé tous les malentendus. L’Italie sait maintenant que la France n’est sa rivale, ni dans la Méditerranée, ni en Afrique. Il y a place pour tout le monde dans ces grands espaces. La France estime que ses propres intérêts y sont désormais satisfaits et garantis, et, quelles que soient ses vues ultérieures, l’Italie ne la trouvera pas sur son chemin comme un obstacle. Ces déclarations que nous avons faites, et qui ont été payées de réciprocité, ont amené entre les deux pays des rapports nouveaux. Dès lors, il était assez naturel de se demander, ou plutôt de demander à M. le ministre des Affaires étrangères, comme l’a fait un député, M. Chastenet, si le renouvellement de la Triple Alliance n’aurait pas, en ce qui concerne l’Italie et nous, des conséquences sur lesquelles il importait d’être fixé. C’est dans la séance du 3 juillet que cette question a été adressée à M. Delcassé. En même temps une discussion avait lieu à Londres, à la Chambre des communes, et l’opposition y reprochait au gouvernement du roi Edouard d’avoir laissé l’Italie s’éloigner de l’Angleterre et se rapprocher de la France. Il y a peut-être quelque exagération dans ce reproche, sur lequel nous ne voulons pas insister, nous contentant de dire que nous ne sommes pas les seuls à prendre très au sérieux l’état nouveau de nos relations avec Rome.
La réponse de M. Delcassé à la question de M. Chastenet a été très optimiste. M. le ministre des Affaires étrangères a rappelé brièvement la situation antérieure, la guerre de tarifs qui s’est poursuivie longtemps entre l’Italie et nous, l’heureuse cessation de cette guerre, et enfin le l’établissement d’une entente qu’on peut aujourd’hui qualifier de cordiale. Tout cela était déjà connu. Nous savions aussi par les déclarations de M. Prinetti que les intérêts de l’Italie étaient complexes. M. Delcassé l’a répété pour en tirer, comme M. Prinetti lui-même, la conclusion que l’Italie, tout en ayant perdu quelques-unes des raisons