Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 10.djvu/942

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
REVUES ÉTRANGÈRES

UN ESSAI DE RÉSURRECTION DE LA PHRÉNOLOGIE


Ueber unst und Künstler, par P.-J. Mœbius, 1 vol. Berlin.


Se rappelle-t-on encore le docteur Gall et sa phrénologie ? J’en ai gardé quant à moi un souvenir assez vif, pour avoir vécu de longues années d’enfance auprès du buste en plâtre d’un beau jeune homme inconnu dont le crâne, à partir des yeux, était tout partagé en de nombreux carrés, cercles, et losanges, destinés à marquer le siège des diverses facultés de son âme. Et je me souviens que, ayant un jour voulu chercher, sur mon propre crâne, quelles facultés la nature avait le plus généreusement développées chez moi, j’eus le chagrin de constater qu’elle n’y en avait développé aucune, ce qui ouvrait devant moi la perspective d’une médiocrité presque phénoménale. C’est là une déception que ne connaissent point, sans doute, les enfans des générations nouvelles : car les bustes phrénologiques s’en sont allés depuis longtemps, Dieu sait où, et, même pour en rire, personne ne songe plus à la phrénologie. Tout au plus entendons-nous parfois dire de quelqu’un qu’il n’a pas « la bosse » des affaires, ou celle du mariage : c’est tout ce qui survit, à présent, des savantes doctrines de François-Joseph Gall.

Mais peut-être ces doctrines, comme bien d’autres vieilles choses que l’on croyait mortes à jamais, sont-elles sur le point de ressusciter. Voici du moins que notre attention est ramenée sur elles par un livre d’un« neurologue » allemand des plus considérables, le docteur Mœbius, dont M. Brunetière, autrefois, a étudié ici un très curieux essai sur