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but trop compact au canon. Sur le flanc opposé à l’artillerie, la brigade de dragons sera échelonnée par demi-régiment en ligne de colonnes. Sur l’autre flanc, un régiment de cavalerie légère également échelonné par demi-régimens en ligne de colonnes. L’autre régiment en réserve.

C’est, on le voit, à peu de chose près, l’ancien tableau. Mais cette fois, le dessin en est plus difficile. Les brigades, distendues, ne sont plus dans la main de leurs chefs. La conséquence devrait être l’initiative laissée aux chefs de demi-régimens. Mais alors à quoi servent les colonels et les généraux ? Le problème ne peut pas se résoudre, parce que le principe sur lequel il se fonde est inexact.

En réalité, toutes ces grandes manœuvres ayant le caractère d’évolutions, ne font que tendre à développer le formalisme. Si elles ne causaient que d’inutiles dépenses de temps et d’argent, le mal pour être grand ne serait pas funeste. Mais elles ont cette conséquence grave qu’aucune initiative ne peut y trouver place et que la passivité s’y prélasse à son aise.

En dehors du général de division et de son chef d’état-major, personne dans ces manœuvres n’a besoin de penser. Tout doit se passer de la même manière. Les deux adversaires se cherchent, se chargent, mettent pied à terre, et après une critique qui porte toujours sur les mêmes fautes indéfiniment reproduites parce qu’elles tiennent à la nature même de l’erreur fondamentale, les régimens rentrent dans leurs cantonnemens pour recommencer le lendemain dans le même ordre d’idées.

Quant aux prescriptions du règlement de 1899 qui devaient éclairer les directions nouvelles par l’emploi de la carabine combiné avec le mode d’action normal de la cavalerie, on ne voit de tentative de leur application que dans la manœuvre du 23 août 1902. Elle avait pour objet l’attaque d’une ligne d’artillerie. L’opération, juste comme conception, ne put pas être exécutée à la satisfaction du commandement, par suite de l’insuffisance de l’instruction des troupes dans le combat à pied. Mais le principe en lui-même était exact, car l’essence de la cavalerie est en effet l’offensive toujours et quand même. Dès lors, l’offensive par l’arme à feu, avec le cheval comme moyen de déplacement rapide, doit s’imposer toutes les fois qu’elle ne peut se produire à l’arme blanche. Le dragon sera donc le combattant monté de l’avenir. Avec lui, le combat à