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la vraie voie ? Notre amour-propre dût-il en souffrir, il faut avoir le courage de dire la vérité et de répondre : « Non. »


II

A toutes les époques, les chefs de guerre se sont efforcés d’adjoindre à leur cavalerie des troupes moins bien montées, mais cependant capables de se déplacer rapidement et de combattre comme infanterie. Mais de tout temps aussi, ces infanteries montées se sont efforcées de se transformer en cavalerie. Elles y ont presque toujours réussi. Nos dragons en sont la preuve. A deux reprises, ils se sont changés peu à peu en cavaliers légers, répudiant le service pour lequel ils avaient été formés. Cependant ce service a toujours été si nécessaire que toutes les armées se sont vues forcées de reconstituer des troupes spécialement destinées à cet usage.

C’est ainsi qu’à l’époque actuelle, toute la cavalerie russe n’est composée que de dragons et de cosaques, tous armés de fusils et exercés au combat à pied.

Les cavaliers de la vieille école n’admettent pas ces transformations. L’action de la cavalerie réside dans le cheval, disent-ils. « Celui-ci ne s’est pas sensiblement modifié. Son mode d’emploi doit rester et restera ce qu’il fut de tout temps. Son entier effet réside dans l’acte décisif : « la charge ! »

Rien n’est moins exact. Un coup d’œil sur notre histoire militaire suffit à le prouver. Le rôle de la cavalerie, employée en grandes masses, n’a pas cessé de décroître à mesure que les armes à feu se perfectionnaient. Son action dans la bataille en tant qu’arme de choc est devenue de moins en moins efficace. En revanche, l’emploi de la carabine, des mitrailleuses et du canon, s’est logiquement développé chez toutes les puissances qui ne se sont pas laissé aveugler par la routine. Ce mouvement ne peut que s’accroître, car il obéit à une loi facile à dégager des faits.

À ce titre, il est intéressant d’en examiner rapidement la succession.

A l’époque de Charles VII, chaque compagnie avait des archers à cheval appelés « argoulets. » Ils s’employaient à éclairer, jouaient le rôle de partisans et au besoin mettaient pied à terre pour combattre. Ce sont les ancêtres de nos dragons, non pas