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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 12.djvu/783

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dragons de Royal et de Listenois. Soutenus par quelques bataillons, ils se jettent sur les têtes de colonne de l’ennemi, prennent des canons et restent enfin maîtres du bois. À peine ont-ils fini ce combat de tirailleurs qu’ils remontent à cheval et chargent avec la cavalerie sous le commandement du comte de Lorges.

Pendant sa retraite dans les Vosges, Turenne les emploie pied à terre pour couvrir son mouvement dans les défilés de Dittweiler.

Partout ils opèrent comme une infanterie montée, faisant dans la bataille le service de tirailleurs en grande bande, celui d’arrière-garde et d’avant-postes à grande distance.

À Senef, le 11 août 1674, ils chargent à cheval, puis mettant pied à terre, ils attaquent de concert avec l’infanterie les clôtures, les maisons, puis l’église et le château.

En 1676, le 6 juillet, ils enlèvent les retranchemens de Rheinfeld et le 26 ils attaquent le fort de Kehl.

Ils rendent ainsi tant de services, qu’après 1679, le nombre de leurs régimens passe de 14 à 43. Toutefois, à la fin de la guerre de la Ligue d’Augsbourg, ils furent réduits à 14.

Vers 1701, des compagnies franches de dragons sont créées. Elles sont destinées à des coups de main, fourrages, reconnaissances, embuscades, etc.

Feuquières, qui écrit sous Louis XIV, dit, en parlant des dragons :

« Ce corps ne doit être considéré que comme une infanterie que l’on met à cheval pour la pouvoir porter plus diligemment dans un endroit où l’on a besoin d’infanterie, pour se saisir d’un poste et donner le temps à la véritable infanterie d’arriver. Encore ne faut-il pas que ce poste puisse être attaqué par l’infanterie ennemie avant que celle qu’on y fait marcher soit arrivée, parce que les dragons qui ne sont pas habitués à combattre ensemble à pied ne peuvent jamais résister aux corps solides qui les attaquent. Ils ne peuvent pas non plus résister aux bons escadrons ; la longueur de leurs fusils les embarrasse. On les a trop bien montés dans ces derniers temps ; la juste crainte que les officiers ont de perdre leurs chevaux les force toujours à laisser trop d’hommes pour les garder et fait qu’ils craignent de se commettre contre l’infanterie. Je voudrais donc moins de régimens de dragons dans une armée, et qu’ils fussent moins bien montés. »

Ainsi pour Feuquières, qui représente la tradition du temps