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de Turenne, les dragons doivent être infanterie montée et non cavalerie faisant éventuellement le coup de feu.

Le Père Daniel, dans son Histoire de la Milice Française, écrite aussitôt après les guerres de Louis XIV, définit ainsi le service des dragons :

« Battre l’estrade, escorter des convois, harceler l’ennemi dans une marche ou une retraite, pour occuper promptement un poste où l’infanterie ne pourrait pas se transporter assez tôt pour combattre, tantôt à pied, tantôt à cheval… Dans un camp, ils sont toujours portés sur les ailes ou dans les postes avancés, à quelques passages de rivières, à quelques défilés, à la tête d’un pont ; on s’en sert souvent pour couvrir le quartier général ; dans les marches, ils sont toujours à la tête et à la queue des colonnes. Il est cependant arrivé que dans les dernières guerres ils ont combattu en ligne, et quoique leurs chevaux fussent d’une taille beaucoup moindre que ceux de la cavalerie, ils ont acquis beaucoup de réputation et ont parfaitement fait leur devoir. La vivacité dont ils chargent l’ennemi et la vitesse avec laquelle ils se portent, là où on a besoin d’eux, les rend meilleurs pour un corps de réserve. »

Dans la guerre de la Succession d’Espagne, on ne voit plus employer les dragons en grandes bandes de tirailleurs, comme du temps de Turenne et de Luxembourg. Ils ne font plus guère de combat à pied que dans les coups de main, enlèvemens de postes, etc.

Les dragons ont été beaucoup plus régulièrement employés au service d’infanterie dans les sièges. Ils se sont couverts de gloire, notamment au siège de Namur. Ils y eurent un rôle spécial :

« On en commande des détachemens que l’on place dans les boyaux près de la tête de sape, pour tirer sur tout ce qui se montre pendant le jour sur le rempart, dans les ouvrages détachés, dans les chemins couverts. »

Sous Louis XV, on ne voit plus reparaître les dragons combattant à pied dans la bataille, comme à Sinsheim, Ensisheim, etc., ils sont réunis à la cavalerie et aux hussards, et on les compte parmi les escadrons d’une armée ; ils chargent plus souvent qu’ils ne mettent pied à terre. Leur caractère de demi-fantassin ne se retrouve guère que dans les expéditions.

« Quand un parti est envoyé à la guerre, c’est-à-dire en