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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 7.djvu/598

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UNE CORRESPONDANCE INÉDITE
DU
P. DIDON

PREMIÈRE PARTIE

L’année 1880 fut pour le P. Didon une grande année, une année d’épreuve.

Le divorce était à l’ordre du jour, dans les journaux, à la Chambre des députés, au théâtre, aussi bien qu’à l’Eglise et au Palais. Les plus grands problèmes de philosophie et de religion étaient posés. La grande voix du P. Didon ne pouvait rester muette. Il soutint l’indissolubilité du mariage et combattit le divorce dans les termes les plus éloquens. La foule grossissait chaque jour le nombre de ses auditeurs à Saint-Philippe, puis à la Trinité.

Sa phrase n’était pas polie et châtiée comme celle d’un rhéteur, il ne s’inquiétait pas de la forme, il se laissait aller à l’improvisation. Quelques, esprits quinteux et jaloux trouvèrent son style trop hardi. On fit ‘du bruit autour de ces sermons. On cria au scandale. La chaire lui fut momentanément interdite. On poussa même plus loin les choses, et le prédicateur fut appelé à Rome.

Il partit, ne se doutant pas du sort qui lui était réservé. N’ayant rien à se reprocher, il n’avait rien à craindre. Quand nous nous quittâmes, nous pensions nous revoir huit jours après.

Il arrive à Rome. Il se rend au couvent des Dominicains et se présente chez le Général de l’Ordre.

Il se prosterne, suivant l’étiquette dominicaine. Le supérieur se lève, l’embrasse, puis se rassied dans son fauteuil.