dernière ligne de conduite. » Suit une longue discussion tendant à démontrer que la résolution Teller est susceptible, pourvu qu’on la considère à la lumière de toute l’histoire des Etats-Unis, d’être interprétée autrement qu’on ne pourrait le penser au premier abord : elle signifie que Cuba doit jouir non pas de la parodie, mais de la réalité de la liberté, que les Etats-Unis doivent veiller à ce qu’un gouvernement stable y soit établi et maintenu, à ce que l’île se trouve à l’abri de toute intervention étrangère. Mais tous ces sophismes ne sont là que pour sauver la face ; le vrai raisonnement des impérialistes se trouve cyniquement exposé dans les phrases que l’on vient de citer ; il n’est autre que celui-ci : l’engagement que nous avons pris ne peut être tenu sans entraîner certains inconvéniens ; nous avons donc eu tort de le prendre et n’avons qu’à le répudier.
C’est, malheureusement pour la morale internationale, ce que font bien souvent les gouvernemens en pareille occurrence, et c’est ce que n’a pas hésité à faire le gouvernement de Washington. Les troupes fédérales avaient occupé Cuba au début de 1899. Le régime militaire y fut d’abord installé ; c’était une phase par laquelle on ne pouvait se dispenser de passer pour rétablir un peu d’ordre dans le chaos où les Espagnols laissaient l’île en partant. Ce régime constitua d’ailleurs un grand progrès sur l’administration de l’ancienne métropole ; il augmenta les garanties individuelles, prit de bonnes mesures, non sans commettre aussi quelques bévues ; toutefois les insulaires trouvèrent généralement que les Américains se conduisaient un peu trop comme s’ils avaient été, non des curateurs provisoires, mais des propriétaires en titre, qu’ils se livraient à certaines réformes organiques dont il aurait mieux valu laisser le soin à un gouvernement régulier. On commençait aussi à trouver qu’ils s’éternisaient, quand le gouverneur, après avoir fait procéder en juin 1900 aux élections municipales, se décida enfin à convoquer les Cubains pour le 15 septembre à l’effet de nommer une assemblée, qui rédigerait une constitution et… réglerait les rapports de l’île avec les Etats-Unis, les dispositions établissant ces rapports devant faire partie de la Constitution. Ce dernier paragraphe surprit désagréablement les Cubains, ou plutôt il confirma les soupçons de beaucoup d’entre eux : si Cuba devait être indépendante des Etats-Unis à quoi bon, en effet, régler ainsi les relations des deux pays ? Les rapports de deux nations indépendantes sont réglés