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L’ALLEMAGNE VERS L’EST

LE PANGERMANISME ET L’EXPANSION ALLEMANDE VERS L’ORIENT

Les mouvemens incessans du germanisme, son flux et son reflux, ainsi que les transformations de la puissance allemande, chargée de réaliser les aspirations de la race, forment, en réalité, l’histoire de l’Europe continentale. A l’heure actuelle, le germanisme continue comme par le passé sa patiente besogne d’expansion, toujours poursuivie, jamais abandonnée, même aux heures de la plus grande détresse ; et les développemens du nouvel empire garantissent la rapidité de ses progrès. Vers l’ouest, les événemens de 1870 étaient faits pour donner satisfaction à tous les désirs immédiats de l’expansion allemande ; le rétablissement de la puissance française, qui fut l’œuvre des trente dernières années, a, d’ailleurs, permis de relever, de ce côté, une digue efficace contre un nouvel excès d’ambitions germaniques. Vers l’est, au contraire, les difficultés intérieures de l’Autriche, la décomposition de l’empire ottoman, et le conflit des diverses nationalités danubiennes ou balkaniques ont créé un ensemble de circonstances assez favorables pour encourager, de la part de l’Allemagne, un redoublement d’activité. Depuis le traité de Berlin, qui réussit à aménager le Levant au profit des intérêts allemands, la poussée orientale du germanisme n’a cessé de s’accroître ; elle est même parvenue à un degré d’intensité tel que,