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REVUE MUSICALE


THEATRE DU CHATEAU-D’EAU (Société des grandes Auditions musicales de France) : Le Crépuscule des Dieux, de Richard Wagner. — THEATRE DE L’OPERA : Orsola, drame lyrique en trois actes ; paroles de M. Gheusi, musique de MM. Paul et Lucien Hillemacher. — THEATRE DE L’OPERA-COMIQUE : La Troupe Jolicœur, comédie musicale en trois actes, d’après la nouvelle de M. Henri Cain ; musique de M. Arthur Coquard.


« Frères, et vous aussi, vous avez vos journées ! » — ou vos soirées, et qui sont de six heures. Avec Tristan et Yseult, qu’elle avait donné il y a deux ans et qu’elle a repris, la Société des grandes Auditions a fait jouer le plus grand, je veux dire le plus long des drames de Wagner. Le public parisien connaît maintenant la fin de l’œuvre énorme dont il continue d’ignorer le commencement. Après la Walkyrie et Siegfried, avant l’Or du Rhin, il a vu représenter le Crépuscule des Dieux.

Des quatre parties de la Tétralogie, la dernière est le plus un drame. C’est du Crépuscule des Dieux que les auteurs de Sigurd, voulant mettre Wagner à notre portée, nous donnèrent jadis une adaptation, comme disent les personnes bienveillantes, ou, selon l’expression des autres, une caricature. On appela même alors M. Reyer le Wagner des pauvres : des pauvres d’esprit que nous étions il y a quelque vingt ans. On sait que, depuis, rien n’a été épargné pour nous enrichir.

Donc le Crépuscule des Dieux est un drame véritable, avec des péripéties et surtout une fin. Au goût d’un public français, les précédentes soirées de la Tétralogie ne finissent pas, ou finissent moins. Passe encore pour l’Or du Rhin, qui n’est qu’un prologue, c’est-à-dire un commencement. Mais la Walkyrie ne s’achève qu’à moitié. Une femme qui s’endort, fut-ce dans les flammes, cela ne saurait constituer ce que Musset appelait « un dénouement bien cuit. » Ce n’en est