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DANS L’INDE AFFAMÉE

II[1]


VIII. — CHEZ UN PRINCE RADJPOUTE

Le landau correctement attelé, qui est venu par ordre du roi d’Odeypoure me prendre dans la « maison du voyageur, » monte au galop les rampes sablées, que bordent des balustres et des massifs de roses. C’est sur la rive du lac, sur le rocher où les palais s’arrangent en amphithéâtre. Des éléphans de marbre émergent çà et là des feuillages et des fleurs. Sur la pente rapide, aux tournans brusques, on se sent enlevé sans effort par l’élan des deux bêtes vigoureuses, et très vite s’élargit le champ de la vue ; très vite le bois charmant se déploie, et le lac bleu, avec ses îlots qui sont d’autres palais, tandis que semble s’élever avec nous la muraille de forêts et de montagnes qui fait comme une mystérieuse toile de fond derrière toutes les choses d’Odeypoure.

Ce Maharajah, prince de Meswar, chez lequel je me rends aujourd’hui, descend de la plus ancienne et de la plus haute en dignité de toutes les familles royales du pays radjpoute ; il est des suryabans de la race solaire : bien des siècles et des siècles avant que fussent sorties de l’ombre nos plus vieilles familles

  1. Voyez la Revue du 1er janvier.