Compagnie des Omnibus, doyenne de ces entreprises. Jusqu’à 1828, si l’on excepte la tentative avortée du XVIIe siècle, les Parisiens n’eurent à leur disposition aucune voiture publique ; et l’on objectait sérieusement en 1824, à qui proposait d’en établir, « qu’il en résulterait un trop grand embarras pour la circulation. »
Le préfet de la Seine, enfin, se laissa fléchir et autorisa l’introduction de 100 omnibus, répartis en 18 lignes : d’où l’on peut inférer que les départs n’étaient pas fréquens. Il était interdit de placer « ni paquets, ni ballots, ni voyageurs » sur l’impériale de ces véhicules, rappelant par leurs formes les diligences et divisés, comme elles, en trois compartimens, — coupé, intérieur et rotonde, — chacun de prix gradué. L’affaire réussit, mais les bénéfices restèrent, faute de contrôle, aux mains des agens subalternes, et le fondateur, ruiné, se suicida. Son privilège fut repris et exploité par M. Moreau-Chaslon, plus tard président de la Compagnie actuelle, dont le succès fit éclore aussitôt nombre de concurrences : Dames-Blanches, Tricycles, Orléanaises, Diligentes, Joséphines, Écossaises, Sylphides, etc.
La liberté dont elles jouissaient les porta à lutter ensemble de vitesse, sur les voies les plus fréquentées. Ces courses dangereuses furent interdites, par mesure de sécurité ; mais les survivantes, sans rivales sur leurs parcours, virent se créer à côté d’elles de nouvelles lignes, dotées de véhicules tous différens, jusqu’à ce qu’en 1855, après plusieurs tentatives infructueuses, les sociétés existantes eussent réussi à se fusionner, avec l’approbation du gouvernement, qui leur conféra le monopole de circulation et de stationnement dans la capitale. Sur les 400 voitures, alors mises en commun, les Omnibus, qui donnèrent leur nom à la collectivité, en représentaient le tiers ; les deux autres tiers se partageaient entre neuf entreprises, d’inégale importance, Favorites et Parisiennes, Citadines et Batignollaises, ayant de 50 à 7 voitures.
Pour son premier exercice, la « Compagnie générale » transporta 34 millions de voyageurs ; en 1861, elle en transportait 81 millions ; 122 millions en 1875, 201 millions en 1882, et 318 millions en 1900. La moitié seulement de ce chiffre appartient aux « Omnibus » proprement dits ; l’autre moitié vient des tramways, à traction animale ou mécanique, dont je parlerai plus tard. En effet, depuis son demi-siècle d’existence, tout a