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avait lancées contre Blücher, rentrait lui-même à Görlitz ; il confiait à Macdonald le soin de tenir en respect l’armée de Silésie. Toutefois, l’élan que la présence de l’Empereur avait donné aux corps français ne s’arrêta pas tout de suite. Blücher avait voulu défendre la Katzbach ; il avait laissé à Goldberg et aux abords de Goldberg le corps de Langeron et une partie du corps d’York. Macdonald les attaqua le 23 à Goldberg ; et dans les trois combats distincts qui furent livrés ce jour-là, il leur infligea l’échec le plus sensible.

Les Prussiens célèbrent la valeur de leurs troupes au combat de Goldberg, l’héroïsme du frère de la reine Louise, du prince Charles de Mecklenburg, qui refit ce jour-là sa réputation militaire et désarma l’hostilité d’York. Et en effet, l’expérience et la solidité des jeunes troupes prussiennes se trempaient rapidement dans cette suite de combats. À Niederau, elles étaient 6 400 contre une vingtaine de mille hommes. Les coalisés manifestaient dans la retraite une fermeté exceptionnelle ; Blücher essayait de persuader à ses troupes que c’était en vertu d’un plan préconçu qu’elles se retiraient. Mais l’armée de Silésie n’en avait pas moins reçu, le 23, un coup qui menaçait jusqu’à son existence. Elle avait perdu 4 000 hommes en un jour. Blücher, repoussé sur tous les points, était obligé de reculer toujours, de concentrer péniblement ses corps d’armée sur Jauer. Son armée, déjà si éprouvée dans la marche en avant du 16 au 20, le fut bien davantage dans sa retraite du 21 au 23. Six jours après l’ouverture des hostilités, elle semblait sur le point de disparaître dans une crise de dissolution totale.

Le corps prussien surtout ressentait péniblement le contrecoup de la stratégie orageuse de l’état-major silésien. Le 21, il avait subi à Plagwitz le retour offensif des corps français. À cinq heures du soir, il avait reçu l’ordre de battre en retraite sur la Schnelle Deichsel ; il n’était arrivé qu’après de nouvelles discussions et une nouvelle marche de nuit. Le 22, tandis que Langeron continuait à reculer devant la poussée des Français, York avait reçu le matin l’ordre de battre en retraite, à midi l’ordre de faire halte, à trois heures l’ordre de reprendre la retraite. « On semble croire, écrivait Schack, qu’il est plus facile d’observer l’ennemi avec des brigades qu’avec des avant-postes. » Le 22 au soir, Blücher, résolu à défendre la Katzbach, avait exigé des troupes d’York un retour offensif. Il avait jeté dans