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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 14.djvu/89

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repoussent ou paralysent les dévouemens qui s’offrent à nous. Il avait été convenu, cependant, lors de la discussion de la loi de juillet 1901, que les articles contre les congrégations ne s’appliqueraient pas aux colonies ni aux protectorats français.

Il y avait, pour notre œuvre dans nos possessions exotiques, un intérêt capital à ce que les terres d’Afrique, d’Asie, d’Océanie restassent ouvertes à tous ceux qui peuvent contribuer à les franciser. Or, les religieux de tout ordre sont, en Afrique comme en Asie, particulièrement propres à cette œuvre de francisation, cela non seulement par leurs écoles, mais par leurs hôpitaux et leurs dispensaires, par leurs orphelinats, par leurs fermes-écoles, par leurs « villages de liberté, » par leur lutte contre l’esclavage et contre la barbarie sous toutes ses formes. A ceux qui l’auraient oublié, je me permettrai de rappeler que les Missions catholiques françaises ont reçu, à l’Exposition universelle de 1900, un grand prix, c’est-à-dire la plus haute récompense que pût décerner le jury international, sans compter nombre de médailles d’or et d’argent accordées à nos missionnaires de divers pays[1]. Quoique ce ne soit pas pour de pareilles récompenses que travaillent nos missionnaires, elles ne laissent pas de leur faire grand honneur ; et, aux yeux de tous les hommes sans préjugés, elles les dédommagent, amplement, des basses et viles injures de l’ignorance anti-cléricale. On nous permettra de nous étonner de nouveau que, pour l’examen des demandes d’autorisation déposées par les religieux, le gouvernement français ne tienne aucun compte de ces hautes distinctions conférées en son nom. Est-il donc équitable que les succès remportés par les établissemens congréganistes, à cette grande lutte pacifique de 1900, aient comme couronnement un projet de suppression ?

Pour donner le tableau complet de l’action des religieux français au dehors, il nous faudrait faire le dénombrement des établissemens de nos missions dans les deux hémisphères. Ce tableau, il a été dressé, récemment, en six grands volumes, sous la direction du Père Piollet, et rien ne donne une plus haute idée

  1. Outre le grand prix attribué aux œuvres de nos Missions catholiques, en tant que collectivité, la classe 113, Colonisation, a conféré une médaille d’or aux Frères des Écoles chrétiennes, une médaille de bronze aux Frères de Ploërmel. En plus, de nombreuses médailles d’or et d’argent ont été décernées aux missionnaires et religieux français des deux sexes, pour leurs écoles et leurs établissemens de Turquie, de Chine, d’Afrique, d’Amérique et d’Océanie.