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Château-Renault se trouvait, dès lors, à la tête d’une armée de trente vaisseaux, cinq brûlots et deux flûtes, portant ensemble 12 500 hommes d’équipage et 1 800 canons ; un lieutenant général, le marquis de Nesmond, deux chefs d’escadre, Rosmadec et La Harteloire, conduisaient respectivement les trois divisions dont elle était composée. Les soins à donner aux bâtimens, ainsi que l’embarquement des vivres nécessaires à une longue navigation, retinrent quelque temps cette flotte à Cadix. Enfin, aux derniers jours de novembre 1701, muni d’une commission de capitaine général que Philippe V lui avait antérieurement accordée pour commander les forces espagnoles dans les mers d’Amérique, Château-Renault, arborant le pavillon d’Espagne, put donner aux capitaines de ses vaisseaux le signal de partance.


II

Lorsque Château-Renault quitta Cadix, l’alliance récemment conclue entre l’Empereur, le roi Guillaume et les États généraux rendait imminente la reprise sur mer des hostilités. On n’était donc pas sans inquiétude relativement à la flotte du Mexique, que l’on présumait être partie de la Havane sous l’escorte de Coëtlogon au commencement de novembre, et qui risquait ainsi de rencontrer l’escadre de Bembow.

En vue de mettre fin à une incertitude pénible, Pontchartrain avait envoyé la frégate l’Entreprenante rechercher jusqu’aux Açores les traces de l’amiral anglais. Cette frégate, après avoir contourné lesdites îles, devait aller attendre à Madère le passage de Château-Renault et lui rendre compte de ses investigations. S’il en résultait que Bembow, établi en croisière dans ces parages, y guettait le retour de la flotte espagnole, Château-Renault se porterait en avant de l’escadre anglaise sur la route des galions pour les couvrir et pour transmettre en même temps à Coëtlogon l’ordre de les conduire cette année-là au port de Passages, dans le golfe de Gascogne.

Mais si, au contraire, l’amiral ne trouvait à Madère aucun renseignement de nature à l’assurer de la présence des Anglo-Hollandais dans ces mers, il avait alors à faire voile directement vers la Martinique d’où, le cas échéant, il serait en mesure de