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REVUE MUSICALE

MUSIQUE HEROÏQUE


La Vie du héros, poème symphonique de M. Richard Strauss. — Beethoven et son cinquième concerto pour piano. — M. Edouard Risler.


Nos deux théâtres de musique, en ces derniers mois, nous ont donné peu de chose. Ce ne fut presque rien que Muguette, à l’Opéra-Comique. L’Opéra s’est contenté de reprendre la Statue. Il s’agissait d’honorer le doyen de nos maîtres et pour la gloire de M. Reyer on assure que cette reprise ne fut pas perdue. La direction de l’Académie de musique a fait comme ces rois du désert dont parle Chateaubriand, qui, lorsqu’ils rencontraient un vieux palmier, s’arrêtaient pour y suspendre un collier d’or. La Statue, Sigurd, Salammbô : le collier a trois rangs désormais.

Le hasard des concerts vient de rapprocher deux œuvres assurément fort inégales, mais que le même esprit, sinon le même génie inspira. L’une est un poème symphonique de M. Richard Strauss, exécuté sous sa direction par l’orchestre de M. Chevillard. L’autre est le cinquième concerto pour piano de Beethoven, joué — nous dirons comment tout à l’heure — par M. Edouard Risler au Conservatoire, le vendredi-saint. Ces deux ouvrages (et l’intérêt de leur rencontre est là) manifestent, chacun à sa manière et dans sa mesure, un des états ou des mouvemens de l’âme que la musique fut toujours le plus apte à traduire : l’héroïsme. Il semble que M. Strauss en ait fait