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l’organe essentiel, incessant, de la préparation à la guerre et surtout à la guerre contre la France, il est l’âme de la haute direction pendant la guerre elle-même.

Les états-majors des armées, choisis, formés, instruits de longue main par ses soins, sont remarquablement préparés pour éviter toute erreur d’interprétation dans l’exécution de ses instructions ; pour faire tendre toutes les volontés, toutes les énergies vers le but qu’il indique au nom du souverain-généralissime. En outre, les chefs des états-majors des armées sont ses élèves du grand état-major, ses amis ; dans les circonstances difficiles, il correspond directement avec eux pour mieux les orienter sur les intentions du haut commandement. Les officiers qu’il envoie suivre les opérations des armées, sont toujours écoutés, parce que toute l’armée sait que leurs indications seront approuvées par le souverain.

Il y a là une organisation du service d’état-major dont la perfection, la puissance n’ont jamais été surpassées à aucune époque de l’histoire, et qui, en Allemagne, facilite singulièrement la question du haut commandement, et la désignation des chefs des armées. Cette organisation peut être caractérisée en quelques mots : prépondérance de l’état-major, fondée sur la confiance absolue du souverain-généralissime dans son chef d’état-major.


II. — ORGANISATION FRANÇAISE
I

L’organisation du haut commandement et du grand état-major, en Allemagne, n’est possible que parce que le gouvernement et le commandement suprême des armées, en paix comme en guerre, se confondent dans la personne de l’Empereur. Ce système ne pourrait être appliqué à notre République que si l’on confiait à un Dictateur, — comme le faisait la République romaine, — tous les pouvoirs civils et militaires pendant la durée de la guerre. Et même, avec un Dictateur, serait-il possible d’admettre la prépondérance de l’état-major ? Dans tous les cas, vis-à-vis d’un gouvernement, responsable lui-même envers le Parlement et le pays, il faut des commandans en chef, entièrement, nettement responsables. Donner à l’état-major une responsabilité spéciale, immédiate, aux armées,