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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 15.djvu/894

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Je me suis plainte et désolée
De n’avoir aimé qu’en pleurant
La chaude torpeur de l’allée
Où des groseilliers sont en rangs

De ne m’être assise qu’émue
Aux chaises de fer des jardins,
A l’heure où la feuille remue
Son ombre sur les cailloux fins,

De n’avoir, quand le verger brille,
Contemplé qu’en souffrant de tout
La paix des doubles camomilles
Dans le massif luisant et doux.

Je me suis plainte, ô Juillet tendre.
Chaque fois que vous reveniez
Vous rafraîchir et vous étendre
A l’ombre du faux-ébénier.

Mais maintenant bien autre chose
Tourmente ce cœur éploré,
Je ramène sur moi vos roses
Pour que mes bras soient déchirés,

Je courbe au-dessus de ma bouche
Tous les vents avec leurs parfums
Afin que mon âme se couche
Dans un arôme de miel brun,

Et je ne veux pas d’autre force
Que ma fatigue et son ardeur,
Qu’aucune ombre, qu’aucune écorce
Ne protège un si faible cœur,

Qu’aucune flèche, aucune flamme,
Qu’aucune aride pâmoison
Ne soit épargnée à cette âme
Qui veut défaillir de frisson,