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donc en rapports avec les Assemblées du clergé. Ces rapports, d’Argenson les mentionne pour la première fois en 1649, mais rien ne dit qu’ils n’aient pas existé plus tôt. En tout cas, c’était déjà faire ressentir et sa puissance et ses prétentions à l’ensemble de l’Eglise de France que de susciter de vastes missions en pays hérétiques[1], comme elle en subventionne dès 1638, ou de créer partout des maisons de Nouvelles catholiques, ou d’établir un « fonds » régulier pour les convertis[2]. Mais bientôt, c’est très clairement qu’elle stimule contre les protestans le zèle endormi des évêques. En 1655, elle faisait présenter à « MM. du clergé » tous les « mémoires » qu’elle avait provoqués et rassemblés, dans toutes ses succursales, touchant les « entreprises des religionnaires[3]. » Elle recommence en 1660 ; cette fois, selon d’Argenson, sur la demande des « prélats pleins de bonne volonté pour détruire l’hérésie » qu’« il y avait alors dans l’Assemblée du clergé, » — et qui étaient peut-être des membres de la Compagnie. — Elle continue ce travail en 1661 et 1665. Elle fait résumer, pour l’usage des « commissions », les dossiers trop volumineux des enquêtes. Enfin, dans les Assemblées elles-mêmes, quand venait le moment des décisions, la Compagnie, dit d’Argenson, « par le moyen des évêques de sa confiance, agissait puissamment. »

Faut-il croire que cette action fut aussi puissante qu’il le proclame, que « ces soins produisirent de grands effets, » et que, vraiment, comme il s’en vante, « ce fut le commencement de la destruction de l’hérésie dans ce royaume ? »

On a déjà pu remarquer la concordance au moins singulière qui existe entre la date à laquelle finissent les jours de répit du protestantisme français (1637-1638, environ) et celle (1638) où le « zèle » de la Compagnie « s’éveille » une première fois (1632), puis où il se « réveille » (1638) contre les protestans.

Cette concordance, elle existe aussi, dans les faits, entre ceux que nous connaissions par avance et les actes, qui viennent de nous être révélés, de la Compagnie. — Les historiens de Limoges[4]

  1. Dans le bailliage de Gex et dans les Cévennes, en 1638. Dans les Cévennes, en 1651. À Saint-Maixent, en 1664.
  2. De 1652 à 1665. La Compagnie, se substituant à l’Assemblée du clergé qui semblait abandonner ce soin, décide même, en 1662, qu’on aidera pécuniairement « les particuliers disposés à la conversion.
  3. Allier, p. 309 et suivantes ; D’Argenson, p. Il 7, 203, 264 et passim.
  4. Voyez Alfred Leroux. Histoire du Protestantisme dans la Marche et le Limousin.