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se développe avec toute sa vigueur. Dans les cantons où le climat commence à ne plus tolérer l’olivier qu’avec difficulté, l’instinct des cultivateurs les amène à n’en planter que dans des recoins favorables et bien abrités : d’ailleurs, le froid normal de chaque année, à force de détruire la récolte et de flétrir l’arbre, détermine forcément le propriétaire à arracher comme improductif ou malade l’arbuste insuffisamment armé contre la lutte. Vienne un hiver un peu plus dur, et nos oliviers, placés dans de bonnes conditions, résisteront. Mais il reste toute une zone intermédiaire, bien plus large que les deux extrêmes, dans laquelle se succèdent des plantations nombreuses, régulières, productives ; elles supportent passablement des épreuves ordinaires, mais sont endommagées ou succombent si le froid sévit par trop vivement.

L’olivier prospère dans tous les sols ; quoique calcicole, il s’accommode assez bien de la silice et supporte passablement le gypse, dans lequel néanmoins ses produits restent inférieurs. Il n’affectionne guère les terrains mouilleux et sous ce rapport s’accommode de la Provence et du Languedoc, à l’exclusion de la Camargue, où il est complètement inconnu.

On soumet l’olivier à une taille bisannuelle, pratiquée au printemps, d’où résultent naturellement des récoltes faibles l’année de la taille et plus abondantes l’année suivante, sauf intervention de la coulure, du « noir, » du « ver » ou Dacus oleæ, — ces derniers fléaux d’origine italienne. — En considérant l’ensemble de chacun des départemens à plantations d’oliviers, les récoltes sont très régulières dans les Basses-Alpes, l’Ardèche, l’Aude, aux vergers peu nombreux, régulières aussi dans les Bouches-du-Rhône, le Var, Vaucluse, le Gard, pays assez productifs ; irrégulières, au contraire, aussi bien dans la Drôme, dont les olivettes s’accumulent toutes aux alentours de Nyons, que dans les Pyrénées-Orientales et l’Hérault, zones médiocrement riches sous ce rapport ; que dans les Alpes-Maritimes, où l’huile constitue la meilleure ressource agricole du pays ; qu’en Corse, où cette denrée ne jouit que d’une importance relative. Ou trop abondantes, ou mal ramassées, ou trop difficiles à transporter, les olives, à poids égal, se vendent meilleur marché dans le Var, les Alpes-Maritimes, les Pyrénées-Orientales, la Corse, le Gard, l’Aude, que dans l’Ardèche, les Basses-Alpes, les Bouches-du-Rhône, l’Hérault, et surtout en Vaucluse et dans la Drôme.