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les Autrichiens s’en accommoderaient. Le 4 octobre, Alquier reçut le traité signé à Paris ; il en exigea la ratification dans les vingt-quatre heures. Refuser, c’était la guerre immédiate ; ratifier, c’était congédier Saint-Cyr et faire la place nette aux Russes et aux Anglais. On ratifia, le 8 octobre, et, le 14, Saint-Cyr se mit en marche vers le Nord. Le 11, par une déclaration signée de ses ministres, Luzzi et Circello, le roi avait fait connaître à l’envoyé russe que ce traité, imposé par la force, était vicié et nul de plein droit et que, « loin de vouloir l’exécuter, il attendait avec impatience le moment où, avec l’aide de son fidèle allié, l’empereur de Russie, il serait en mesure de mettre son royaume à l’abri des agressions de son ennemi naturel. » Napoléon ne s’en faisait aucune illusion. Alquier, d’ailleurs, l’en avait averti : « Si les choses vont mal ici, ce mal est dans les maîtres. Il n’y a rien non plus à attendre des princes héréditaires : l’avenir est fermé pour nous ; on sera constamment opposé à notre système ; il est donc désirable que le gouvernement de ce pays passe en d’autres mains. »

Donc, un coup de prestige qui permette à Napoléon de joindre Gouvion à Masséna et de battre les Autrichiens ; les Autrichiens battus, il fera bon marché de ces Bourbons ; mais, si Masséna succombe, les Napolitains se lèvent, les Russes et les Anglais débarquent et montent au Nord ; et ce sera comme en 1799, la perte de l’Italie.

Jusqu’au 15 septembre, il n’avait disposé que la marche de son armée sur le Rhin et le Mein. C’est à partir de cette date que ses combinaisons se formèrent, d’après les nouvelles qu’il reçut d’Allemagne, et les mouvemens de l’ennemi. Le 27, il écrit à Bernadotte : « Avant le 42 octobre, l’Autriche sera déchue, » et, le 30, à Augereau : « Je vais partir cette nuit... tourner Ulm. Malheur aux Autrichiens, s’ils me laissent gagner quelques marches;... mais je suppose qu’ils vont s’empresser d’évacuer la Bavière. »

Les alliés comptaient attaquer partout à la fois, à Naples, en Lombardie, en Allemagne ; disperser ainsi les forces de Napoléon, battre, détruire ses lieutenans, jeter le désordre en France, recommencer la campagne de 1799, Novi en Italie, contre Eugène et Masséna ; en Allemagne, Napoléon enveloppé, écrasé entre les Autrichiens, les Russes qui arrivent, les Prussiens que l’on se croit sûr d’entraîner et qui se jetteront sur ses flancs, lui couperont