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d’une foi fondamentale de notre évolution sociale... Les croyances religieuses ne sont pas simplement des phénomènes particuliers à l’enfance de la race. Elles sont des élémens caractéristiques de notre évolution sociale... Elles sont les complémens naturels et nécessaires de notre raison, et, loin d’être menacées d’une dissolution éventuelle, elles sont probablement destinées à croître et à se développer en même temps que la société, conservant comme élément immuable et commun la sanction supra-rationnelle qu’elles offrent à la conduite humaine. » [B. Kidd, L’Evolution sociale, trad. française, p. 112, 113, 114.] C’est à peu près la même chose que le docteur Herron veut dire quand, après avoir affirmé que « l’étude consciencieuse de la marche du progrès dans l’histoire nous révèle la présence d’un gouvernement invisible et de lois que nous ignorons, bien qu’elles aient sur nous plein pouvoir, » il ajoute, en précisant ce que son observation semblerait avoir d’abord d’un peu banal : « Les institutions humaines sont toujours la mise en œuvre d’une conception religieuse donnée ; » ou encore : « Toutes les tentatives de réforme se rencontrent dans l’effort de traduire le christianisme en doctrines et institutions politiques ; » et ailleurs, et enfin : « Le christianisme n’est pas une forme de culte, mais un idéal social à réaliser dans une société d’hommes... Le caractère foncièrement social de l’expérience religieuse, voilà le fait fondamental de la religion. » Et, à notre tour, si nous n’avions peur que la figure en parût bizarre, c’est ce que nous résumerions, en même temps que l’idée de toute cette étude, par la formule suivante ;

Sociologie = Morale
Morale = Religion

d’où :

Sociologie = Religion.

Nous arrêterons ici la série de ces études : elles n’avaient pour objet, et quelques critiques l’ont bien vu, que ce qu’ils ont eux-mêmes appelé : l’Utilisation du Positivisme ; et nous croyons avoir atteint notre but. Les éclectiques, les idéalistes, les néo-criticistes ont beaucoup médit du positivisme, et je ne dirai pas qu’ils aient eu tort, — à leur point de vue. Ce que le positivisme a en effet mis pour toujours en déroute, c’est la prétention de la métaphysique ou de la « philosophie » à gouverner le monde. Il n’y a désormais de métaphysique possible que sur