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d’arbitrage, connue sous le nom de commission des limites, mi-partie anglaise, mi-partie russe, laquelle, chargée de fixer les points en litige de la frontière turco-persane, source de contestations perpétuelles, apporta un contingent précieux à l’étude du sud-ouest de l’Iran. En même temps l’activité inlassable de l’Angleterre se portait sur les États limitrophes qui s’interposaient entre la Perse et l’Inde : l’Afghanistan et le Béloutchistan. C’est à cette époque que remonte la première expédition anglaise dans l’Afghanistan et l’installation d’un résident anglais à Kaboul. L’armée anglaise fut anéantie, il est vrai, le résident massacré, et l’Afghanistan recouvra son indépendance, mais il en fut autrement pour le Béloutchistan. Un petit corps d’armée de 1 260 hommes ayant fait son apparition devant Kélat, la capitale du pays, le souverain baloutche signa un traité par lequel il dut se déclarer vassal soumis, jurer de se laisser toujours guider par les bons offices de l’agent politique anglais résidant à sa cour, concéder au gouvernement britannique le droit de placer des garnisons dans toutes les villes du Béloutchistan où il serait jugé convenable, promettre sa coopération subordonnée en toute circonstance, enfin accepter le subside annuel qui le transformait en un simple fonctionnaire de l’État voisin.

Ainsi le Béloutchistan perdit son indépendance et gravita désormais dans l’orbite de l’empire indien et, comme conséquence, les limites de cet empire furent reportées des bords de l’Indus à la frontière persane, englobant ainsi tout le littoral baloutche sur le golfe d’Oman, jusqu’à l’embouchure de la rivière Dacht.

A la même époque, la plus grande partie du littoral persan lui-même tomba aux mains d’un prince soumis à l’influence anglaise. Seyd Saïd, sultan de Mascate, ayant déclaré la guerre au chah, s’empara des îles d’Ormuz, de Laredj, de Kischm et d’Hendjam, occupa les ports de Bender-Abbas et de Lindje et conquit toute la côte persane sur une étendue de 800 kilomètres depuis l’embouchure de la rivière Dacht jusqu’au cap Bostonnah. Pour comble de malheur, la Perse vit à la même époque une autre fraction importante de la côte persique, du cap Bostonnah à la pointe de Nabend se soustraire à sa domination. Une colonie d’Arabes du Nedjcd, venue au courant du siècle à la suite de l’extension de l’empire wahabite s’établir sur la côte orientale