de l’huile, s’unirent sous la direction de M. Rockefeller. Les principaux raffineurs d’huile tombèrent d’accord qu’au lieu de lutter les uns contre les autres, en supportant la charge d’administrations aussi nombreuses que les compagnies elles-mêmes, ils auraient intérêt à fondre ces administrations en une seule, tout en restant, quand même, une collectivité de compagnies. Ce procédé de centralisation des finances d’une industrie entière, dans le dessein de créer un monopole, se nomme un trust. M. Rockefeller a été l’initiateur de ces entreprises. Son revenu annuel est estimé à 25 millions de dollars. De ce fait, il est l’homme le plus riche du monde.
Il y a un grand nombre de variétés dans les trusts, mais la forme dans laquelle ils se moulent le plus ordinairement, est la suivante. Les porteurs de titres de toutes les compagnies autonomes font l’apport de leurs actions à la compagnie-mère. La compagnie-mère, en échange de ces actions particulières, remet aux porteurs des actions de trust ; les bénéfices sont distribués au prorata du nombre d’actions du trust que chaque Société particulière a en portefeuille. Tous les bénéfices encaissés par les membres différens de la combinaison, sont mis en commun pour constituer le trésor de tous. Le fait qu’un des établissemens manufacturiers engagés dans le trust arrête momentanément son travail n’a pas d’importance, au moment de la distribution des bénéfices conquis en commun par les actionnaires de cette compagnie spéciale. Chaque compagnie isolée conserve son cadre d’administration technique, directeur, personnel, etc., mais sous le contrôle de la direction générale des délégués de la compagnie-mère. Ces combinaisons ou trusts peuvent être formés par l’union de compagnies qui avaient lutté en concurrence les unes contre les autres, ou par le groupement des différentes formes de productions qui concourent à l’établissement d’une industrie. Le trust de l’acier par exemple, dont le capital atteint 1 400 291 000 de dollars, est composé de dix sous-compagnies qui n’étaient pas toutes concurrentes. Elles possèdent 112 navires, 2 380 kilomètres de voies ferrées, 23 185 wagons, 428 locomotives, et de plus, des propriétés immenses, des mines de charbon, de fer, des centres de production de gaz naturel, la machinerie, les usines et l’outillage nécessaire à la fabrication de l’acier. Quelque importantes que soient ces richesses, s’il fallait les « réaliser » elles ne suffiraient pas toujours à rembourser