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croire qu’ils capituleront, mais non pas assez peut-être pour se sauver eux-mêmes. Ils feront encore quelque mal, puis ils tomberont, laissant à d’autres le soin d’en faire davantage : et cela durera jusqu’au jour, que nous n’apercevons pas encore, où le pays se ressaisira. Pour le moment, il s’abandonne. La lassitude, comme nous l’avons dit, y domine, et le parti jacobin, surexcité par ses succès, s’apprête à livrer à la liberté de l’enseignement un assaut qui sera furieux.

C’est à le préparer qu’on emploie les vacances, dans des conditions que rend un peu obscures l’incertitude où l’on est encore sur les intentions définitives du gouvernement. Mais on se préoccupe peu du gouvernement, et, de part et d’autre, on agit comme s’il n’existait pas. Ce ne sont pas les libéraux et les modérés qui pourraient compter sur lui ; et quant aux autres, ils savent comment le faire marcher, ou sauter.

En Orient, la situation s’aggrave à mesure qu’elle se prolonge, sans aucune modification dans les élémens essentiels qui la constituent. Il était déjà assez difficile de savoir ce qui se passait en Macédoine ; cela le deviendra plus encore s’il est vrai, comme une dépêche l’a annoncé, que la Porte a interdit le territoire de la Macédoine aux correspondans de journaux. Toutes les nouvelles que nous recevrons venant désormais de la Porte elle-même, il ne faudra les admettre que sous bénéfice d’inventaire. Ce qui est sûr, c’est qu’au moment où on ferme en quelque sorte les portes et les fenêtres de la Macédoine à l’observation européenne, les choses y sont au pis. Le désordre y a fait de nouveaux progrès depuis la dernière fois que nous en avons parlé, et les chercheurs de solutions n’ont pas encore trouvé celle qui pourrait intervenir d’une manière prompte et efficace.

On a parlé d’une intervention à deux qui serait exécutée par l’Autriche et par la Russie. Nous n’y avons pas cru ; nous n’y croirons que lorsque nous la verrons se produire, ce qui arrivera peut-être : qui sait ? l’histoire montre qu’il ne faut jamais croire une imprudence impossible, même la plus grande de toutes. Cependant, comme l’Autriche, pour ne citer qu’elle, n’a pas besoin de faire un grand effort de mémoire pour se rappeler la manière dont peuvent tourner les aventures de ce genre, elle ne sera sans doute pas tentée d’en renouveler l’expérience. Un condominium militaire est le danger suprême : on sait comment il commence, on ne sait pas comment il finit. Il ne faut pas se tromper sur le caractère de l’arrangement que la Russie et l’Autriche ont conclu, en 1897, au sujet des Balkans : il ne pouvait