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Dans les provinces de l’intérieur et, en général, dans celles où le besoin de ces formations de guerre, sorte de petites armées professionnelles, ne se fait point sentir, les gouverneurs des provinces devront être invités à réorganiser, de leur côté, leurs forces de police, comme commandement, comme armement, et surtout comme recrutement, en rejetant de ces dernières les gens sans aveu qu’elles comprennent, de manière à avoir constamment à leur disposition les moyens suffisans et sûrs pour réprimer promptement toute tentative de piraterie ou de rébellion. La Cour de Pékin ne doit pas perdre de vue que l’agitation entretenue, à dessein, dans certaines de ces provinces, sert à merveille les prétentions des mandarins qui luttent sourdement contre l’application de toute réforme — administrative, financière, militaire — et contre la réalisation de tout progrès, notamment en ce qui concerne l’extension des moyens mettant la Cour de Pékin en communication rapide avec le reste de l’Empire. Elle s’est bien rendu compte que l’hostilité de la plupart d’entre eux provient moins encore de leur aversion pour tout ce qui tend à modifier l’ancien état de choses établi que de la crainte où ils sont du danger que l’application de ces réformes fait courir à leurs intérêts personnels. Cette agitation, — nous l’avons déjà fait ressortir, — peut servir également les vues des puissances qui ne demanderaient qu’une occasion propice pour intervenir dans les affaires de la Chine, sous prétexte de réclamation d’indemnités comme dédommagement des torts qui pourraient être causés à leurs nationaux au cours de ces soulèvemens.

Si le besoin se faisait sentir, dans l’avenir, du groupement d’un certain nombre de ces petits corps d’armée sur un point du territoire, leur concentration pourrait s’opérer bientôt dans des conditions de rapidité incomparablement meilleures que par le passé : le développement considérable des voies télégraphiques et des voies ferrées dont les Européens, avec une hâte fébrile, sont en train de doter l’Empire du Milieu, devant servir, en effet, à merveille, à faciliter ces concentrations de troupes. En même temps, l’établissement de tous ces moyens nouveaux de