Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 17.djvu/558

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

communication aidera à augmenter progressivement l’autorité du pouvoir central, qui se trouvera bientôt, grâce à ces moyens, en relations rapides avec les points principaux de l’Empire.

Ainsi donc, il ne nous paraît point indispensable que, dès le temps de paix, tout au moins dans cette période de transition où elle se trouve aujourd’hui, la Chine constitue une grande armée nationale sur les bases que comporte l’organisation de nos armées de l’Occident. Il importerait toutefois, d’ores et déjà, d’instituer auprès du gouvernement un rouage destiné à permettre d’assurer, dans de bonnes conditions, la réorganisation générale de ses forces militaires, la préparation des plans de défense du territoire, et, le cas échéant, la mobilisation et la prompte concentration de quelques-uns de ces corps d’armée provinciaux, leur emploi rationnel et le fonctionnement de tous les services que cet emploi entraînerait. Nous voulons parler de la création, à Pékin, d’un comité supérieur de la défense, sorte de grand état-major général de l’armée et de la marine qui, grâce à une haute direction qui s’exercerait notamment par l’impulsion donnée à l’instruction professée dans les écoles militaires et navales, par de fréquentes inspections des corps d’armée provinciaux, etc., établirait, entre ces différentes petites armées, une unité de doctrine et une cohésion suffisantes pour tirer de cette organisation le meilleur parti possible.

Nous ajouterons que, pour cette période de transition, qui constitue, nous le répétons, l’une des situations les plus critiques que l’Empire chinois aura eu à traverser, en raison des intérêts de toute sorte qui s’agitent autour de la question d’Extrême-Orient : — convoitises mal déguisées de certaines puissances visant de nouveaux accroissemens territoriaux, — méfiance qu’inspire à certaines autres la réorganisation des forces militaires des Célestes, sous les conseils sinon sous la direction d’élémens étrangers ; — embarras graves qui peuvent surgir de l’application des réformes dans la voie desquelles le gouvernement semble résolument s’engager, — que, si l’orgueil chinois voulait fléchir devant les enseignemens que comporte l’histoire de ces cinquante dernières années, la Chine se hâterait de confier à une puissance amie la mission de l’organisation de cet organe essentiel, de ce Grand Conseil ou état-major général oui devrait, au début tout au moins, être