Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 18.djvu/653

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’univers cultivé. Les adversaires de l’œuvre s’accordent en effet pour lui reprocher de professer des idées d’un autre âge, d’enseigner un véritable système de Ptolémée, dans les leçons de son astronomie sociale. — Quant à la devise héréditaire des Chamberlain : « Spes et fides, » elle est expressément appliquée par leur rejeton au genre humain tout entier, qui a le droit et le devoir de garder espérance et foi dans l’avenir tant que, parmi ses phalanges hétérogènes, respirent encore de véritables Germains. — Et ne nous récrions pas tout d’abord devant ce privilège exorbitant concédé à un seul groupe ethnique. Examinons au préalable si nous ne saurions en prendre notre petite part, ce qui, comme on le sait, sera toujours une recette assurée pour se réconcilier avec les plus impudens monopoles. Nous pourrions bien alors nous apercevoir que le germanisme de M. H. S. Chamberlain a l’accueil plus large qu’il ne le laisse soupçonner au premier aspect ; que maint patriote, parmi nous autres Français, germanise inconsciemment, comme M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir ; et qu’au total on n’est jamais bien sûr de n’être pas Germain, surtout lorsqu’on éprouve quelque sympathie pour les Assises du XIXe siècle.

Apprenons donc à discerner nettement autour de nous le Germain, cet élu du Destin, ce probable dépositaire de la civilisation future : par ses caractères de race tout d’abord autant que cela est possible, et ce sera l’objet de notre premier chapitre ; en second lieu, par sa conception du monde, par sa religion dans le passé, parce que seule la religion donne de façon certaine le critérium de la race, parce qu’elle fournit, nous le verrons, l’indice certain des origines ethniques. Nous constaterons alors que la religion du Germain n’est parvenue jusqu’ici ni à sa maturité parfaite, ni à sa perfection désirable ; et nous devrons enfin demander à M. Chamberlain ses pronostics d’avenir et ses suggestions de prophète inspiré au sujet de la doctrine accomplie dont il appelle de ses vœux la naissance : le christianisme germanique.


III

Un naturaliste aussi averti que M. H. S. Chamberlain ne saurait ignorer les difficultés chaque jour grandissantes que