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très supérieure pour la production économique des articles de consommation courante, l’est bien moins pour celle des marchandises de luxe, ou simplement des articles soignés et de fantaisie, qui, exigeant beaucoup de variété, ne sauraient être produits par très grandes masses, et dans la fabrication desquels le goût de l’industriel ou de l’ouvrier jouent souvent un grand rôle. C’est ici le domaine de la moyenne et de la petite industrie. Les Anglais le laissent à d’autres : plutôt que de chercher à accomplir eux-mêmes une tâche pour laquelle ils n’ont pas de grandes aptitudes naturelles, ils préfèrent s’adonner aux besognes où ils excellent, et, avec les bénéfices qu’ils tirent de la fabrication en grand d’articles communs, de bonne qualité d’ailleurs, acheter les objets de luxe et les produits de la petite industrie à qui les fait mieux qu’ils ne pourraient les faire eux-mêmes. Soieries, lainages fins, articles de mode et d’habillement féminin, dentelles, broderies, plumes, gants, bottines et souliers, meubles, bijouterie, horlogerie et une foule d’objets qu’il serait trop long d’énumérer, les Anglais font venir de l’extérieur pour 2 milliards et demi d’articles manufacturés ; et ils tiennent particulièrement à les avoir de bonne qualité, comme ceux qu’ils fabriquent eux-mêmes.


III

La France produit précisément, et en quantité plus que suffisante pour sa consommation, un grand nombre de ces articles que l’Angleterre doit se procurer au dehors. N’ayant reçu de la nature que des richesses minérales médiocres, qui se trouvent surtout aux extrémités de son territoire, elle n’est pas un pays d’élection pour la grande industrie, et ne saurait rivaliser avec sa voisine pour la production des articles courans. Mais son sol, plus riche, suffit à nourrir sa population moins dense. Aussi l’agriculture n’a-t-elle pas été, en France, sacrifiée à l’industrie et la plus grande partie des Français continue d’en vivre. Nous n’importons que 800 millions d’articles alimentaires, et nous en exportons une valeur sensiblement égale. Voilà donc une première catégorie de produits dont la Grande-Bretagne a besoin, qu’elle possède peu ou point chez elle, et qu’elle peut trouver chez nous.

Ces articles agricoles, et principalement alimentaires, que nous exportons, ce ne sont pas, au moins en quantité appréciable,