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limiteront à l’essentiel, du moins autant qu’il sera en son pouvoir. Si les artistes y avaient mis de l’acharnement, c’en était fait, en France, de tout l’art du passé, et, du fatras des délibérations, il ressort que les conseils de sagesse, de prudence et de mesure furent donnés par la Commune générale. Elle protesta, à diverses reprises, contre des actes de vandalisme qui n’étaient point le fait des artistes, mais d’agens subalternes incompétens et, par surcroît, inspirés d’un zèle intempestif.

Parmi les artistes, il en était cependant qui eussent volontiers montré le même zèle, tel celui qui demandait quels changemens on pourrait faire subir à la galerie de Rubens. On lui répondit que ce n’étaient pas là « des monumens et qu’il en seroit pour les tableaux représentan des traits d’histoire et de la vie des rois comme des pièces de théâtre ou les acteurs prenent le costume des personnages qu’il représente, qu’on ne pourait faire aucun reproche à un artiste moderne qui représenteroit un roi dans les habillemens royaux, mais qu’il n’en serait pas de même de celui qui représenterait le fils de Capet avec les ornemens de la Royeauté et a conclu en disant qu’il serait bon et raisonable de soustraire, pendant un laps de tems, nombre de ces tableaux aux yeux du public en les renfermans. » Le 30 juillet, quelqu’un fait observer qu’on n’a pas enlevé les fleurs de lys qui ornent les colonnes des Tuileries. On s’est borné à les recouvrir avec du plâtre, ce qui indigne le « membre. »

Le 2 août, « un membre fait par à lassemblée des craintes que lui donnaient le décret de la Convention nationale du 1er aoust 1793 qui ordonne de détruire tous les tombeaux des rois que sont dans l’étendue de la République et notament ceux qui sont à Saint-Denis, pour le 10 aoust prochain. L’assemblée arête, sur la proposition d’un autre membre, de nommer quatre commissaires qui seront chargés de se transporter sur le champ au Comité de salut public pour lui demander de proposer à la Convention de rendre un décret qui charge la Commission des monumens de la destruction de ces tombeaux, vüe qu’elle pourra veiller à ce que tout ce qui peut être utile aux arts soit conservé et que les marques de royauté et féodalité soient seules détruites. » Le procès-verbal du 6 août décharge la Commune générale de la manière la plus précise. Il dit en effet : « Un des commissaires nomé dans la dernière séance pour se transporter au Comité de salut public prends la parole pour faire son