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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 18.djvu/895

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rapport et dit qu’ayant inutilement cherché à être introduit au Comité de salut public, les commissaires se sont transportés à celui d’instruction publique ‘et que les membres de ce comité pansaient que les tombeaux des rois ne valaient pas la peine d’être conservés, — que ce n’était pas l’intention de la Convention nationale, que d’ailleurs il serait difficile peut-être d’empêcher le peuple de briser ces monumens. »

Ainsi, les artistes représentés par la Commune générale et ses délégués firent leur devoir, au milieu de quelles difficultés, inconnues jusqu’à ce jour, on vient de le voir ! On va les juger encore à l’œuvre le 9 août, où le citoyen Milbert appelle l’attention sur le tombeau du connétable de Montmorency, « vu que déjà à Montmorency deux tombeaux ont été réduits en poudre. » Mais les pouvoirs des commissaires de la Commune générale ne s’étendent pas au delà de Paris, et l’Assemblée décide que le citoyen Moreau jeune communiquera la lettre de Milbert « à la commission des monumens qui, d’après le décret du 17, peut étendre la surveillance partout ou besoin est. » Le 13 août, « le citoyen Moreau jeune, qui avoit été chargé de répondre à la lettre du citoyen Milbert, annonce qu’il doit aller à Montmorency le lendemain 14 du courant pour tâcher de conserver aux arts le tombeau qui est encore intact dans l’église de cet endroit ; il fait par aussi que la Commission des monumens doit aller à Saint-Denis pour aux termes du décret de la Convention national détruire les tombeaux des Rois en en brisant tout ce qui a rapport à la royauté et en enlevant et plaçant dans un dépôt tout ce qui peut être utile aux arts. »

Moreau rend compte de sa mission le 16 août. Il dit « qu’il a trouvé au tombeau d’Anne de Montmorency deux figures d’albâtre brisés et deux en bronze qui ont été fondues, mais que les lignes principales de ce tombeau étoient encore intactes ; il a détaillé ensuite la manière dont il a combattu les prétentions de la commune de Montmorency qui croyoit avoir le droit de vendre le tombeau par la seule raison qu’il est scellé dans l’église et il a facilement détruit ce prétendu droit par le texte du décret qui charge la Commission des monumens d’enlever des édifices nationaux tous les objets de curiosité relatifs aux arts.

« Le résultat de son rapport a été d’annoncer que ce monument serait conservé aux arts ainsi que ceux de Saint-Denis dont on extraira tout ce qui peut être utile à leur progrès. »