qui avait autrefois combattu le « bas-bleuisme » avec un bon sens admirable, n’avait pas pu écrire impunément trente-deux in-octavo à la file ; il lui en était resté un peu d’encre au bout des doigts. Il semblait que tous les pédans de France tinssent classe en sa maison. Les mots d’esprit y avaient leurs papiers ; on en dressait des procès-verbaux. « L’illustre Sapho » avait bien mérité d’inspirer Molière lorsqu’il écrivit les Précieuses ridicules ; M. Cousin a beau se refuser à le croire[1], je m’imagine qu’elle n’y a pas échappé.
Mademoiselle rendit aux beaux esprits le service de les remettre à l’école de la Cour pour les manières et le langage. Nous sommes très renseignés, grâce à une fantaisie de princesse d’où est sortie une petite littérature, sur les modèles que le Luxembourg avait à leur offrir. En 1657, Mademoiselle étant à Champigny pour le procès Richelieu, la princesse de Tarente[2] et Mlle de la Trémouille[3] lui montrèrent leurs portraits écrits par elles-mêmes[4], à l’imitation de ceux que Mlle de Scudéry, créatrice du genre, donnait à deviner dans ses romans à clef : « — Je n’en avais jamais vu ; je trouvai cette manière d’écrire fort galante, et je fis le mien. » Après le sien, elle en fit d’autres et exigea que l’on en fît autour d’elle. Il en est résulté un répertoire unique en son genre, où de nobles personnages, des deux sexes et de tout âge, ont la bonté de ne rien nous laisser ignorer d’eux-mêmes, pas plus l’état de leurs dents que leurs opinions sur l’amour, ni de leurs amis, pour lesquels ils ne se sont pas trouvé de raisons d’être plus discrets. Le recueil des Portraits[5] nous apprend comment l’aristocratie d’alors se voyait, ou voulait être vue.
On commençait d’ordinaire par dépeindre sa figure et sa tournure. La mode était d’y mettre de la sincérité, ce qui ne veut pas toujours dire de la modestie. La célèbre duchesse de