mouvemens s’exécutèrent vivement et en mesure ! L’Empereur visita ensuite les fortifications, les digues, les jetées, tous les immenses travaux qu’il avait fait exécuter pour la défense de l’île et la protection de la rade. Des officiers du génie et de l’artillerie l’accompagnaient. Il les entretenait de questions techniques, louant ou critiquant tour à tour la disposition d’un ouvrage, l’emplacement d’une batterie, et raisonnant sur tout en maître de la guerre avec une liberté d’esprit vraiment extraordinaire en ces jours d’angoisse. « Il semblait encore, dit Beker, dans la plénitude de sa puissance. »
De retour à bord de la Saale, l’Empereur trouva le préfet maritime Bonnefous qui apportait au général Beker une nouvelle dépêche de Decrès et un arrêté du gouvernement provisoire en date du 6 juillet. En apprenant, par les rapports de Beker et de Bonnefous, du 4 juillet, que Napoléon avait de soi-même quitté Niort pour venir à Rochefort, Fouché et ses collègues s’étaient remis de leur panique. Le calme rétabli dans leur esprit, ils reconnurent l’incohérence, l’absurdité des instructions qu’ils avaient envoyées l’avant-veille. Aux termes de ces premières instructions, Napoléon ne pouvait ni quitter la rade à cause de la croisière, ni revenir à terre, ni se rendre à bord d’un vaisseau anglais. Les membres de la Commission comprirent qu’à mettre l’Empereur dans cette situation sans issue, ils risquaient de le pousser au coup du désespoir que précisément ils redoutaient par-dessus tout. On s’empressa donc de prendre un arrêté modifiant les ordres du 4 juillet. Par l’article 1er, il était, comme précédemment, enjoint au général Beker « de presser l’embarquement de Napoléon sur les frégates destinées à le transporter en Amérique. » Mais les articles II et III portaient : « Si, par la contrariété des vents ou la présence de l’ennemi, ce départ immédiat des frégates était empêché et qu’il fût probable qu’on réussirait à effectuer le transport de Napoléon par un aviso, il en serait mis un sans délai à sa disposition, sous condition que ledit aviso partirait dans les vingt-quatre heures. — Si Napoléon préférait être conduit immédiatement à bord d’une croisière anglaise, le préfet maritime lui en donnerait les moyens. »
Comme Fouché et ses collègues continuaient cependant de craindre que quelque circonstance imprévue ou quelque revirade subite n’entraînât l’Empereur à rejoindre l’armée de la Loire, ils prirent soin de déterminer dans cet arrêté « qu’en aucun cas,