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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 20.djvu/385

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mais aussi pour le gaz brûlé pour le chauffage, la ventilation et les moteurs. Par rapport aux années précédentes, une économie appréciable a été obtenue par la généralisation de l’incandescence. On espère en réaliser encore, grâce à l’installation de compteurs particuliers chez toutes les personnes logées à un titre quelconque dans un édifice public.

On se demandera pourquoi, si la situation de Paris, au point de vue de l’éclairage au gaz n’est pas inférieure à celle des autres capitales, les Parisiens ont, contre la Compagnie parisienne, manifesté une si vive hostilité ? C’est que le tarif imposé aux consommateurs, depuis une dizaine d’années surtout, leur a paru excessif, et excessifs également les frais accessoires qui s’ajoutaient, chaque mois, au prix de 30 centimes le mètre cube. La Compagnie parisienne n’a pas su ou n’a pas pu les diminuer à temps.

La même impopularité s’attache à tous les monopoles d’une longue durée établis d’après un tarif de vente maximum.

Les prix, au début, sont aisément admis par les contemporains de la naissance de la Compagnie ; mais ceux-là disparaissent, et la population, qui paie, cinquante années après, ces mêmes prix, se croit lésée en comparant le tarif subi aux prix de vente d’exploitations plus récentes.

Portées à la retentissante tribune du Conseil municipal par les élus des Parisiens, ces réclamations contre le prix du gaz se sont compliquées des revendications du personnel de la Compagnie et des divergences d’interprétation des clauses du contrat concernant la Ville. La Compagnie, qui, outre son obligation d’assurer le service public qu’elle exploitait, avait le devoir de défendre les intérêts de ses actionnaires, a peut-être apporté dans cette défense une raideur inutile. Tout cela a fini par créer, contre elle, en dépit des sommes considérables qu’elle apportait au budget, une telle antipathie que toutes ses offres en vue d’un nouveau contrat ont semblé vouées, par un sort fatal, à un échec.

Le prix de 30 centimes, que son contrat lui permet d’exiger jusqu’à l’expiration de sa concession, le 31 décembre 1905, a paru tellement insupportable au Conseil municipal que, pour devancer un abaissement de tarif, la Ville a pris à sa charge 10 centimes pour chaque mètre cube consommé et a décidé de payer, à la place de l’abonné, ces 10 centimes à partir du 1er