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la côte orientale jusqu’au cap de Bonne-Espérance[1]. Au Nord-Est, c’est sur la région des Lacs et sur Madagascar que les missionnaires français ont porté leurs efforts. Mentionnons les explorations du Père Coulbois sur le Tanganyika ; du Père Schynze sur les pays à l’Ouest du Victoria-Nyanza ; et de Mgr Augouard sur l’Oubanghi[2]. Les Lazaristes au XVIIe siècle, et puis, après une interruption de près de deux siècles, les Jésuites concentraient leurs travaux apostoliques et géographiques sur Madagascar, comme s’ils avaient dès lors pressenti que cette île magnifique et fertile serait un jour conquise par la France. Le Père Roblet avait donné déjà une carte de Madagascar au 4 000 000e de la première de ces provinces (1894). Les mêmes Jésuites qui, décidément, ont la vocation d’astronomes, ont établi à Ambohidempana un observatoire météorologique, qui a été construit avec le concours pécuniaire de la reine Ranavalo (1889). Le Père Colin, qui le dirige, grâce à des observations recueillies, tant par lui que par ses collaborateurs laïques ou ecclésiastiques sur divers points, a pu depuis dix années, publier les comptes rendus de l’état météorologique de Madagascar.

Les missionnaires protestans, venus sur le continent noir, près de trois siècles après les Franciscains et les Lazaristes, ont su rattraper le temps perdu par leur activité et grâce aux ressources considérables mises à leur disposition par les Sociétés anglaise, allemande et américaine. Le docteur Philipps, inspecteur de la Société des missions de Londres, secondé par de hardis chasseurs indigènes, explora le premier la région au Nord de la colonie du Cap, le bassin du fleuve Orange et le Transvaal ; mais lui, du moins, en vrai disciple du Christ, allait y chercher autre chose que des mines d’or. C’est lui qui recommanda en 1829 aux directeurs de la Société des Missions évangéliques de Paris le Lessouto, à l’orient de l’Etat d’Orange[3]. Déjà un autre district de la colonie du Cap avait été peuplé par d’anciens réfugiés huguenots, et appelé le Coin français. Cette indication fut précieuse, car comme alors les évangélistes

  1. Leurs carnets de voyage ont été publiés par le P. Spillman, sous ce titre : Du Cap au Zambèze. Fribourg, 1882.
  2. L’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres a décerné à Mgr Augouard le prix quinquennal Garnier pour récompenser ses investigations, 1889.
  3. Researches in South Africa. Londres, 1830.