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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 20.djvu/710

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semble attendre beaucoup, mais qui sont peu nombreuses et n’ont produit jusqu’à présent que de médiocres résultats.

Les choses étant ainsi, et elles le seront pendant longtemps encore, M. Leygues s’est demandé s’il n’y aurait pas un moyen, tout en supprimant sans pitié les congrégations en France, d’assurer le recrutement de ce qu’on peut appeler leur contingent étranger, et il a cru le trouver dans le maintien des noviciats. Ces noviciats cesseraient, bien entendu, d’être ce qu’ils sont aujourd’hui ; le nombre de leurs élèves serait réduit proportionnellement aux besoins plus restreints auxquels on aurait à pourvoir ; mais enfin ils subsisteraient. Cette solution ressemble un peu à celle qui supprimerait un régiment tout en conservant son bataillon de dépôt. Vaille que vaille, elle était préférable à la destruction radicale que le gouvernement et la commission proposaient. La commission, en particulier, a montré une ardeur fougueuse contre l’amendement Leygues, dont le vote, d’après M. Buisson, devait frapper la loi de mort en l’attaquant dans son principe. Mais la Chambre a remarqué le silence de M. le président du Conseil. M. Combes, en effet, s’est tu. Il a poussé à la tribune, à sa place, qui ? M. le ministre des Affaires étrangères sans doute ? Non, M. le ministre des Colonies. M. Doumergue pouvait parler pour les Colonies, et notamment pour Madagascar, mais non pas pour l’étranger. Il a lu de longs extraits de la correspondance du général Gallieni, qui semble peu favorable aux congrégations et très féru de l’enseignement laïque. Il a usé et abusé de ces rapports, qui ne prouveront quelque chose que le jour où l’enseignement laïque, très petitement organisé jusqu’ici, aura remplacé, ou même commencé à remplacer d’une manière appréciable l’enseignement confessionnel anglais ou norvégien. Mais nous n’en sommes pas encore là ! M. Doumergue a donc entretenu la Chambre de Madagascar et de quelques autres colonies. Qu’a-t-il dit de l’Orient et des pays où s’exerce notre protectorat sur les catholiques ? Rien du tout ; et que pouvait-il en dire ? La Syrie, la Palestine, l’Egypte ne sont pas dans son portefeuille. Où était donc M. le ministre des Affaires étrangères ? Dans une discussion de ce genre, sa place était au banc du gouvernement ; on l’y cherchait des yeux ; on y constatait son absence avec surprise. Tout s’est éclairci lorsque M. François Deloncle est monté à la tribune et a dit qu’il était à sa connaissance personnelle qu’on avait demandé à M. Delcassé de faire le discours que venait de prononcer M. Doumergue, et qu’il s’y était refusé. Était-ce vrai ? Était-ce possible ? Le gouvernement était-il divisé sur une question aussi importante ? Il faut le croire puisque le fait n’a pas été démenti. L’affirmation de