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par charte, du pouvoir de conférer les grades aux étudians. Le parti gallois essaie en vain de lui faire annexer un collège indépendant de toute confession religieuse. En 1853, apparaît, comme par la force des choses, l’idée de l’Université nationale. On s’y achemina lentement par la création de l’École normale de Bangor, 1862, et du collège d’Aberystwith, 1872. Toutes les classes de la société galloise avaient contribué à cette dernière œuvre, dont elles saisissaient la portée, et pour laquelle elles fournirent, sans se lasser, après un premier apport de 12 000 livres sterling, une subvention qui s’éleva, en douze années, à 60 000 livres. En 1882, le gouvernement accorde au collège d’Aberystwith un subside annuel de 4 000 livres. En 1883, un nouveau collège est établi à Cardiff pour le Sud, et, en 1884, le collège du Nord-Galles à Bangor. Le comité exécutif chargé de réaliser le projet d’une Université galloise avait su trouver la solution pratique : il avait fondé des collèges qui donnaient l’éducation universitaire, mais dont les étudians allaient chercher leurs grades à l’Université de Londres. Les organes étant créés, la fonction ne pouvait manquer d’apparaître. En 1893, un vote du Parlement investit l’Université de Galles des droits et privilèges qui constituent cette fonction. Son premier président, lord Aberdare, est remplacé, à sa mort, par Albert-Edouard, Prince de Galles (aujourd’hui roi d’Angleterre), élu à l’unanimité et installé dans une séance solennelle tenue à Aberystwith le 26 juin 1896.

L’autonomie religieuse et l’autonomie intellectuelle correspondent à des besoins profonds qui n’exigent pas absolument l’autonomie politique. On ne s’étonnera point pourtant qu’une originalité si persistante, une individualité si forte, après avoir traversé les siècles et triomphé des obstacles, ait souhaité une sauvegarde à cette vie ranimée, une consécration matérielle à cette victoire. Nous l’avons dit, et peut-être faut-il le redire : il ne s’agit pas de séparatisme. Au point de vue du gouvernement général, les douze comtés de Galles ne sont pas moins anglais que les comtés d’Ecosse ou les autres comtés du royaume. Mais les revendications galloises n’en arrivent pas moins à présenter « toute l’apparence d’une charte en formation[1]. » Les nationalistes modérés, à la Chambre des communes, demandent

  1. Ch. Le Goffic, article cité.