Marseille, il y a vingt-cinq ans, régnait seule en Méditerranée. Premier port de France, et premier port du continent, sa primauté méditerranéenne s’était vue fortifiée naguère par l’ouverture d’une nouvelle France dans le Nord africain, et plus récemment par l’ouverture d’une voie nouvelle, française elle aussi, qui, des mers latines, étendait son empire jusqu’aux routes de l’Inde et de l’Extrême-Orient. Un quart de siècle a bien changé tout cela. Des énormes progrès maritimes et commerciaux accomplis pendant ce quart de siècle par les principaux ports d’Europe, le port de Marseille n’a pas laissé sans doute de prendre une certaine part, mais une part inégale et insuffisante. Les circonstances l’avaient autrefois favorisé, elles le défavorisaient maintenant : d’un côté, la politique du pays se faisait protectionniste ; de l’autre, on voyait se percer de part en part ce mur des Alpes le long duquel, autrefois, glissait le trafic continental comme sur une pente douce qui naturellement le dirigeait sur Marseille. Marseille ne perdait pas, mais gagnait moins que les autres ports : Hambourg d’abord, en 1889, puis Anvers en 1893, dépassaient Marseille en importance, et aujourd’hui, distancée encore par Rotterdam depuis 1899, Marseille n’est plus qu’au quatrième rang dans l’ordre des ports continentaux.
De tous ces rivaux, celui dont les progrès ont été à bien des égards les plus remarquables, et, en tout cas, les plus sensibles pour Marseille, c’est son voisin italien, le port de Gênes. Nul