ni même de voyager par voie ferrée. En tout cas, le contribuable qui paie de ce chef une certaine somme reçoit en échange une marchandise ou un service et n’acquitte cet impôt, en quelque sorte volontaire, que jusqu’à concurrence de la surcharge que l’Etat, investi d’un monopole, lui impose en comparaison des prix auxquels l’industrie privée libre fournirait la même marchandise ou le même service ; or, les tarifs de chemins de fer sont en Russie d’une modération notoire. Quant au prix de vente de l’alcool, il représente à peu près l’équivalent de celui qui résulte en France de la combinaison de l’impôt et de la valeur de la marchandise elle-même : il est de 12 roubles par vedro d’alcool à 90 degrés, c’est-à-dire 289 francs 33 par hectolitre à 100 degrés) alors que l’État perçoit chez nous un droit de 220 francs, sans compter les taxes municipales. Si nous remarquons de plus que, parmi les recettes budgétaires, figurent 74 millions de droits régaliens, monnaie, postes, télégraphes et téléphones ; 113 millions produits par le domaine de l’Etat autre que les chemins de fer, à savoir, les forêts, les usines, la Banque de Russie ; 86 millions payés par les ex-serfs et qui représentent l’annuité due encore pendant un certain nombre d’années pour achever le rachat des terres qu’ils ont reçues à la suite de leur émancipation ; 76 millions qui sont des remboursemens au Trésor d’avances faites par lui aux chemins de fer, aux autorités locales, à des gouvernemens étrangers ; nous constatons que les impôts proprement dits ne figurent dans le budget impérial russe que pour 660 millions de roubles, savoir 135 millions de contributions directes, 421 de contributions indirectes, dont plus de la moitié est fournie par les douanes, 104 millions de droits d’enregistrement.
Ainsi disséqué, ce budget d’apparence si formidable prend des proportions beaucoup plus modestes. Nous ajouterons que les budgets locaux, ceux des zemstvos et des communes, bien qu’ils aient subi, les premiers à la suite de la guerre turque de 1875-77, les seconds dans les dernières années, des accroissemens assez notables, sont encore modérés : les dettes des grandes villes, comme Pétersbourg et Moscou, n’approchent pas de loin les chiffres de celles des capitales de l’Occident. Il y a quelques années, le budget de Saint-Pétersbourg n’atteignait pas 15 millions, celui de Moscou 11, celui d’Odessa 4, celui de Kharkoff 3, celui de Kiev 2 millions de roubles. En 1893, les dépenses des