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709 villes de l’Empire (non compris celles de Pologne, du Caucase, ni du Turkestan) s’élevaient à 66 millions de roubles ; le tiers en était couvert par les produits d’immeubles municipaux et de redevances n’ayant pas le caractère d’impôts. Quant aux communes rurales, dont les recettes totales, pour les 50 gouvernemens de la Russie d’Europe, s’élevaient en 1895 à 64 millions de roubles, elles tirent leur ressource principale d’une contribution communale dite du mir.

Regardons maintenant le côté des dépenses et bornons-nous à celles qui revêtent, à l’heure où nous écrivons, un caractère de poignante actualité : le ministère de la Guerre est inscrit en 1904 pour 360 millions et celui de la Marine pour 113 millions de roubles, soit 960 et 300 millions de francs. Ce sont des sommes considérables : elles dépassent d’à peu près 40 pour 100 le budget de la Guerre français, évalué pour 1905 à 679 millions de francs, et se rapprochent de notre budget de la Marine, arrêté, pour le même exercice, à 318 millions de francs. Elles apparaissent surtout comme fortes, nous le verrons dans un instant, lorsqu’on les rapproche des chapitres correspondans du budget japonais. L’effet contraire se produirait, si la comparaison s’établissait avec les budgets militaires de la Grande-Bretagne, qui, en 1904-1905, réclament encore 1 700 millions de francs, malgré la modicité des effectifs de l’armée de terre.

La dette russe s’élève en capital à 17 milliards de francs ; son service annuel, dans lequel l’amortissement figure pour un douzième du total, exige 771 millions de francs. Le taux moyen en était au 31 décembre dernier d’à peu près 4 pour 100. Cette dette se compose d’une très grande variété de types, qu’on peut classer selon deux divisions principales : au point de vue de la monnaie dans laquelle sont exprimées les obligations, une partie de celles-ci sont libellées à la fois en monnaie russe et en monnaie étrangère, française, anglaise, allemande, hollandaise, tandis que les autres ne le sont qu’en roubles. En second lieu, on peut distinguer les rentes perpétuelles, c’est-à-dire qui ne sont pas dotées d’un fonds d’amortissement, et ne sont rachetables qu’à la volonté du débiteur (certaines émissions ne le sont même pas sans le consentement du créancier), des rentes amortissables, qui s’éteignent dans une période déterminée, généralement quatre-vingt-un ans, au moyen de remboursemens annuels. On estime que plus de la moitié de la dette russe est placée en France : la seule