de pierre, qu’ils n’aient ni yeux, ni oreilles, ni cœur, ni entrailles, et que le dieu Mammon les ait, en les touchant ou en se faisant loucher par eux, métamorphosés tous et comme métallisés en autant de coffres-forts ! Voici ce que l’un d’eux m’écrit, à propos, justement, des garçons presseurs : « Garçons de machines. Cette catégorie comprend les jeunes garçons de 12 à 13 ans jusqu’à 17 ans. C’est le travail le plus dur de la filature ; pas une minute à perdre ; maniant des presses de 4 kilos, dans lesquelles ils insèrent le lin, ces jeunes gens doivent à tout instant déployer une somme considérable de travail. Ce travail forcé est-il bon au développement du corps, il est presque permis d’en douter ; les spécimens de cette catégorie n’offrent généralement pas de beaux sujets. Ce travail a été naturellement en butte aux attaques des chefs socialistes qui étaient venus apporter la bonne parole pendant la grève. Mais il semble n’y avoir jusqu’à présent aucun remède. D’autre part, l’atmosphère dans laquelle ces garçons travaillent est toujours chargée de poussière, malgré la ventilation. On ne pourra jamais chasser entièrement cette poussière ; pourtant, il y a progrès dans la ventilation. » — A un patron qui voit avec ces yeux-là, on peut sans crainte demander d’aller jusqu’à l’extrême limite dans la voie des sacrifices nécessaires ; et il est loin d’être le seul qui veuille voir, le seul qui sache consentir. Au surplus, combien de patrons sont ou d’anciens ouvriers ou des fils d’ouvriers ? Et combien ne s’en souviennent pas ?
Ainsi, la chaleur humide, la poussière, le trop grand effort imposé à des ouvriers trop jeunes : à cette triple cause, ou plutôt à l’une ou à l’autre de ces trois causes pour chaque catégorie ou spécialité, tient la « peine du travail » dans la filature du lin. La durée de la journée de travail est uniformément de dix heures, en vertu de la loi du 30 mars 1900, applicable aux établissemens qui emploient ensemble des hommes, des femmes et des enfans ; loi qui arrivait à son second « palier, » selon le terme mis à la mode pour elle, au 1er avril dernier, et dont l’exécution a été la principale raison ou le principal prétexte des grèves récentes. Cependant le temps de travail effectif est souvent un peu moindre. Il est, pour les garçons presseurs, diminué d’un quart d’heure par le déjeuner ; pour d’autres, en deux fois, d’une demi-heure et ramené de la sorte à neuf heures et demie.
Parmi ceux qui ne font que neuf heures et demie de travail