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résistances hermésiennes, qui mettaient les Jésuites en rage et paraissaient devoir disloquer l’unité de l’orthodoxie.

il semblait que la voix du Saint-Siège fît autour d’elle le désert ; et les hermésiens frappés, mais non vaincus, pouvaient applaudir ironiquement à l’autre défaite qu’infligeait à Grégoire XVI l’épiscopat rhénan, et dont la question des mariages mixtes était la cruelle occasion.


V

Lorsque la Prusse, en 1814, prit possession des Provinces rhénanes, elle s’abstint d’y mettre en vigueur l’acte royal de 1803, d’après lequel les enfans issus de mariages mixtes devaient toujours être élevés dans la religion du père. Le catholicisme rhénan, cerné d’abord, puis lentement envahi par des fonctionnaires protestans immigrés de la vieille Prusse, avait des susceptibilités et des suspicions dont Berlin devait tenir compte. Imposer à l’enfant la foi paternelle, c’était, dans les provinces du Rhin, accroître l’élément protestant ; car, la plupart des mariages mixtes unissaient une indigène rhénane, catholique, avec un immigré prussien, évangélique ; et, si l’on eût appliqué la déclaration de 1803, les fils et les filles de ces Rhénanes eussent été perdus pour l’Eglise. La Prusse redouta le mécontentement de ses nouveaux sujets ; et, dix ans durant, elle permit au clergé du Rhin d’appliquer le droit canon, d’après lequel, en cas de mariage mixte, l’assistance ecclésiastique n’est accordée aux fiancés que s’ils promettent d’élever tous leurs enfans dans la foi romaine. Mais, en 1825, 1e roi, d’un trait de plume, stipula que la déclaration de 1803 serait désormais en vigueur dans les Provinces rhénanes ; que les fiancés ne pourraient, avant le mariage, prendre aucun accord au sujet de l’éducation des futurs enfans ; et qu’à moins que, devenus père et mère, ils n’en décidassent autrement par une commune entente, tous les enfans seraient réputés appartenir à la confession paternelle.

Le siège archiépiscopal de Cologne avait alors pour titulaire Spiegel, personnage très complexe, que des correspondances inédites récemment publiées par M. Reusch nous dévoilent sous un jour nouveau. Longtemps on a fait de lui un simple prélat de cour, ayant le goût et l’habitude de servir. Spiegel, au confire, tel qu’il se montre dans ses lettres à Stein, eût rêvé d’être