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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 23.djvu/429

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de force, cette même nuit, de ce Palais Sacré où ses ancêtres régnaient depuis des siècles. Un simulacre de jugement, rendu sur le témoignage infâme de quelques faux témoins, la déclara convaincue du crime abominable de lèse-majesté, et la condamna à la déportation immédiate dans un monastère des Iles. Avant qu’elle ne fût revenue de sa stupeur douloureuse, on la jetait en pleine nuit sur un navire, avec une unique suivante pour l’accompagner. Alors, des gens désignés à cet effet, après avoir coupé sa longue chevelure grise, sur l’ordre exprès du basileus, la transportèrent dans un des monastères de Prinkipo, la plus grande des îles des Princes, où elle fut enfermée comme religieuse. Tout ceci n’avait pas pris plus de quelques heures. Pour s’assurer que leurs ordres avaient été bien exécutés, Michel et son principal acolyte, le nobilissime, avaient ordonné qu’on leur rapportât la chevelure impériale.

Ceci est le récit de Psellos. Skylitzès ajoute ce détail que, quelques heures auparavant, alors qu’il venait de rentrer au Palais, le basileus avait expédié au patriarche Alexis, dont il se défiait, probablement parce qu’il le savait du parti de la basilissa, l’ordre de se rendre dans son monastère de Stenon, sur le Bosphore, et d’y demeurer jusqu’au lendemain pour y attendre son arrivée. En même temps, il lui envoyait la grosse somme de quatre livres d’or comme dédommagement, et parce qu’il se disposait à lui choisir sous peu un successeur. Il semble que le vieux prélat n’ait opposé aucune résistance immédiate à ces violences du basileus. Nous verrons cependant qu’il ne devait pas demeurer inactif.

L’historien musulman Ibn et Athîr nous fournit ici un renseignement inédit des plus importans qui va mieux nous expliquer l’attitude du patriarche. Je rappelle qu’on ignore encore à quelle source cet auteur du XIIIe siècle a puisé les renseignemens très précieux qu’il nous fournit sur quelques événemens de l’histoire byzantine aux Xe et XIe siècles. Donc Ibn et Athîr, racontant le drame du mois d’avril 1042 à Constantinople, dit que Michel le Calaphate, après avoir fait déporter Zoé à Prinkipo, voulut aussi se débarrasser du patriarche Alexis, pour ne point être gêné par lui dans les projets qu’il méditait. Il lui demanda de lui offrir un festin dans un monastère de la banlieue de la capitale, promettant de s’y rendre. Le patriarche s’exécuta et se rendit en ce lieu pour les préparatifs du festin. Alors le basileus