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Éton (Meuse), voici les variations constatées dans le taux des fermages de 1800 à 1899 : 60, 80, 90, 50, 35 francs. Blangy-Trouville (Somme), 50 francs en 1848, 80 francs en 1860, 50 francs en 1900. A Voillecomte (Haute-Marne), 45 francs l’hectare en 1860, 40 francs en 1892, 30 francs en 1899. A Soing, (Haute-Saône), une ferme de 157 hectares est louée 7 850 francs en 1848, 6 000 francs en 1889, 3 200 francs en 1899. Les prés paraissent moins atteints que les terres labourables, et parmi celles-ci les terres de première qualité résistent mieux que celles de deuxième et de troisième ; ces dernières s’écroulent littéralement et parfois ne trouvent plus acquéreur même à des prix dérisoires.

Il convient d’observer que, vers 1860, les fermages avaient crû dans une proportion exagérée, que les améliorations agricoles diminuant le rôle de la nature au profit du capital réduisent le loyer de l’agent naturel. Comme le dit M. Levasseur, « le fermier paie, en bonne justice, l’usage de l’instrument pour ce qu’il rapporte. » Certaines contrées privilégiées n’ont pas souffert de la crise : la banlieue immédiate de Paris, Torreilles dans les Pyrénées-Orientales, où la qualité du terrain se prête à des cultures de luxe ; Fayl-Billot (Haute-Marne) où l’industrie de la vannerie maintient la valeur des terres qui peuvent être converties en oseraies ; Mouzeil (Loire-Inférieure) où les fermiers se font une concurrence acharnée. En Savoie, les prix ne fléchissent pas ; de même dans la Vendée, les Deux-Sèvres, les Landes, où le métayage, une population plus sédentaire, expliquent ces heureuses exceptions.

Le prix d’achat de la terre s’est élevé et abaissé avec celui du fermage. De 1851 à 1879, le capital foncier passe de 61 189 030 452 francs à 91 583 966 075 francs. D’après l’enquête de 1892, les terres labourables ont diminué en dix ans de 17, 89 pour 100 ; les prés et herbages de 16, 22 pour 100 ; les bois taillis de 13, 70 pour 100, les bois futaies de 10, 6 pour 100, et les vignes de 11,59 pour 100. Voici un pré de 2 hectares 32 à Midrevaux (Vosges) : vendu 8 000 francs en 1829, 6 000 francs en 1833, 5 000 francs en 1837, 3 000 francs en 1899. A Saint-Genest, l’hectare de terre vaut 3 000 francs en 1852, et se loue 56 fr. 50 ; 3 500 francs en 1858, location 63 francs ; 1 410 francs en 1882, 35 francs de location ; 1250 francs aujourd’hui, le fermage tombant à 28 ou 30 francs. A Pusey (Haute-Saône)