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pour traverser, d’une humeur égale, les bons et les mauvais momens de l’existence ; 3o de lui inspirer l’amour de l’humanité et du vrai, auquel il était loin de songer en 1832 :


Que jusqu’au dernier souffle ton amour me soit
Comme un trésor d’espoir et de douce joie…
Que l’orgueil ne me subjugue point au milieu de mes prospérités,
Que le chagrin ne m’humilie point au milieu de mes adversités…
Fais-moi désirer le bien de l’humanité tout entière…


Il reconnaît partout, comme l’auteur des Harmonies, les traces de la justice et de la miséricorde divines :


Je connais tout ceci et je vois sans conteste
Que dans les petites et les grandes choses
Tu parais le même…


Quelques images ou expressions de détail, telles que « toi, dont le nom est ignoré par toute la terre, » ou « la pauvre créature exilée sur cette terre, » ou encore « notre monde n’est devant ta puissance qu’une petite vague au milieu de l’Océan, » achèvent au surplus de nous éclaircir sur la véritable source de l’inspiration de la Prière.

Dans une seconde pièce, intitulée La Veilleuse ou La Lampe, l’auteur nous fait songer, du même coup, à la Lampe du temple des Harmonies poétiques et à l’Isolement des Méditations. Sa lampe, médiatrice entre l’homme et la divinité, est bien, en ceci, « la lampe du temple ; » elle possède, de plus, cette vertu d’être la confidente des inquiétudes du poète et sa consolatrice aux jours d’angoisse ou de tristesse :


Que de tourmens cachés, que de larmes versées en silence
N’as-tu pas vus, chère confidente !…
Tu me rappelles toutes les anciennes illusions de ma vie…


Le poète est interrompu, au plus fort de ses réflexions, par le son loin lointain des cloches, et c’est alors que l’on songe à Lamartine interrompu au milieu de sa première méditation poétique :


Mais le profond repos cesse tout d’un coup dans le monde.
La cloche pieuse se fait entendre au vent…


On est un peu étonné, après ces deux poésies tout à fait pieuses, d’en rencontrer d’autres, dans le même recueil de 1838,