Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 26.djvu/707

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fait servir les féculens qu’il ingère à former des réserves similaires, à savoir le glycogène de son foie et de ses muscles et le sucre de son sang. Quelquefois pourtant, il élève ces hydrates de carbone à un plus haut degré de complexité : il en confectionne des acides gras ou des graisses. On ne connaît exactement ni la nature ni la formule de la réaction ; mais la réalité du fait n’est pas douteuse : les animaux supérieurs peuvent fabriquer des graisses aux dépens des hydrates de carbone de leurs alimens ou de leurs réserves. — A défaut de cette alternative, les animaux détruisent les hydrates de carbone. Ils les brûlent.


Les plantes vertes fabriquent aussi des matières grasses par une action contemporaine ou corrélative du phénomène chlorophyllien. Pendant longtemps, l’existence très générale de ces graisses végétales avait échappé à l’attention des chimistes biologistes. Il semblait que les huiles, les cires, les beurres végétaux fussent des produits rares ou tout au moins particuliers à certaines plantes. On sait aujourd’hui qu’ils appartiennent à toutes sans exception. Leur formation, plus ou moins abondante, selon le cas, est une manifestation régulière de l’activité végétale.

Le mécanisme de cette formation est très obscur. On tend à admettre pourtant qu’elle est, pour une part, la conséquence plus ou moins directe de l’activité chlorophyllienne. Mais comme il s’agit de substances qui sont relativement beaucoup plus riches en hydrogène et en carbone que les précédentes, ou, ce qui revient au même, plus pauvres en oxygène, la quantité de ce gaz rejetée au dehors pendant la synthèse des graisses est plus grande que dans le cas de la synthèse des matières amylacées ou sucrées. Elle dépasse le volume d’acide carbonique absorbé. La loi quantitative de l’action chlorophyllienne se trouve ici faussée.

En fait, cette loi, considérée comme fondamentale, de l’égalité des volumes d’acide carbonique absorbé et d’oxygène exhalé subit de nombreuses infractions. Il y a quelquefois surabondance de l’excrétion oxygénée : la synthèse des graisses répondrait à un cas de ce genre. D’autres fois, il y a déficit. Ces aberrations commencent à être sérieusement étudiées. Il est possible que quelques-unes d’entre elles s’expliquent par la présence dans les parties vertes des plantes d’une substance très intéressante, la