Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 26.djvu/857

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Baal[1] ? » Le Times, qui faisait également son enquête et envoyait des correspondans dans les églises suspectes, déclarait ne pas voir de différence entre le Ritualisme et le catholicisme romain le plus avancé. Il concluait à des mesures répressives et demandait à quoi servaient les évêques, s’ils ne pouvaient empêcher cette invasion du romanisme. Ce sentiment trouvait rapidement écho dans les parties protestantes de l’Anglicanisme : on y proclamait que de si scandaleuses nouveautés ne devaient plus être tolérées et qu’il importait d’en débarrasser l’Église établie. Aussi bien, pour la lutte à engager, un, puissant instrument venait d’être constitué : la Church Association, fondée en novembre 1865 ; cette société, qui était la contre-partie de l’English Church Union, établie six ans auparavant, et qui groupait les élémens les plus militans du Low Church, se proposait de combattre le Ritualisme, non seulement par les moyens ordinaires de controverse, mais en provoquant toutes les mesures de coercition, notamment les poursuites judiciaires, ce qui lui fit donner plus tard le surnom de Persecution Company limited. A peine instituée, elle procédait, elle aussi, à des enquêtes dans les églises, afin d’y trouver matière à procès.

Il n’y avait donc pas à s’y tromper : de toutes parts, les adversaires des innovations rituelles se disposaient à la lutte. Il ne s’agissait plus seulement, comme naguère, de quelques escarmouches, locales, accidentelles, intermittentes ; c’est une guerre générale, permanente, méthodique où l’on s’engageait. Sur le but, aucune hésitation ; on voulait abattre, put down, le Ritualisme.

Pour résister à cette attaque, quelle était la force des Ritualistes ? Ils croyaient avoir trouvé un fondement légal à leurs entreprises. Ils ne pouvaient nier, sans doute, qu’ils revenaient à un cérémonial depuis longtemps disparu sous l’action des idées de la Réforme, et qu’en le faisant, ils allaient au rebours de ces idées ; mais ils invoquaient un texte : c’était la rubrique qui, dans le Prayer Book, précédait l’ordre à suivre dans les prières et qui était ainsi conçue : « Et il faut observer ici que les ornemens de l’Eglise et de ses ministres seront tels, pendant tout le service, qu’ils ont été spécifiés pour cette Eglise d’Angleterre, par l’autorité du Parlement, la seconde année du règne du roi

  1. The Life and Work of the seventh. Earl of Shaftesbury, par Edwin Hodder, p. 618.