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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 26.djvu/858

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Edouard VI. » Or il paraissait facile d’établir que ces ornemens étaient ceux que les Ritualistes cherchaient à remettre en usage[1]. Si cette rubrique semblait peu en harmonie avec d’autres textes et surtout avec les tendances qui avaient prévalu depuis, il fallait n’y voir qu’une preuve, entre beaucoup d’autres semblables, des influences contradictoires qui s’étaient rencontrées à l’origine de la Réforme en Angleterre et de l’équivoque, souvent préméditée, à laquelle certains politiques avaient eu alors recours pour ne rebuter ni ceux qui se flattaient de rester plus ou moins catholiques, ni ceux qui entendaient aller au protestantisme. Newman n’a-t-il pas parlé, à ce propos, des « livres qui bégayaient des formulaires ambigus ? » Les Ritualistes ne contestaient pas cette ambiguïté, mais ils croyaient être fondés à en recueillir le bénéfice, du moment où ils s’autorisaient d’un texte formel. « Dans l’Eglise d’Angleterre, écrivait l’un d’eux, il y a toujours eu, comme il y a maintenant, deux partis ayant des façons de voir distinctes, et je crois que le grand objet des compilateurs de la Liturgie a été de la disposer de telle sorte qu’il y eût place pour l’expression des vues des deux partis. La Liturgie et les Articles doivent, je pense, être regardés comme un grand compromis,… et de même que les deux partis ont liberté de conserver leurs opinions propres, de même ils ont liberté de les mettre en pratique comme il leur plaît, pourvu qu’ils se renferment dans la lettre de la loi, l’un ne l’excédant pas, l’autre ne restant pas en deçà[2]. »

Si intéressante que fût la question de légalité, il importait davantage encore de savoir quelles sympathies le Ritualisme pouvait espérer rencontrer dans l’opinion. Au début, il n’avait guère été pris au sérieux ; ces querelles de cierges et de surplis paraissaient mesquines et ridicules. Mais, avec le temps, cette impression s’était, au moins chez certains esprits, un peu modifiée. J’ai déjà eu occasion de noter, à ce point de vue, la

  1. Cf. The catholic religion, a manual of instruction for members of the Anglican Church, par Staley, p. 356 et 357.
  2. Life of Tait, t. I, p. 418. — Parmi les légistes, le plus grand nombre, même quelques-uns de ceux qui avaient des sympathies High Church comme Roundell Palmer, contestaient, au point de vue juridique, la thèse des Ritualistes, et, si formelle que fût la rubrique du Prayer Book, ils croyaient pouvoir y opposer d’autres textes et des considérations historiques qui leur paraissaient en détruire la portée. Ceux qui seraient curieux de connaître cette argumentation la trouveront dans Memorials personal and political, de lord Selburne, t. I, p. 379 à 397.