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produirait, dans le monde religieux, la sécession « d’un homme en pleine force, comme Liddon, et d’un vétéran qui, comme lui-même, avait supporté tant de tempêtes. » « Ce serait, disait-il, la répétition de l’écroulement de foi survenu à la suite de la résignation de Newman. Ce serait même davantage, parce que nous avons été très en vue dans la défense de la foi. » Il prévoyait que « beaucoup de ceux qui étaient en train de venir à la foi, s’en iraient à la dérive, les uns à l’incrédulité, les autres à Rome. » Aussi, dans sa lettre au Times, ne craignait-il pas de faire entrevoir, dans la crise dont souffrait l’Eglise d’Angleterre, le risque « d’un déchirement plus profond qu’aucun de ceux qui s’étaient produits depuis 1688. » L’« Etablissement » résisterait-il à ce choc ? C’est, disait-il, ce que seul l’événement pourra montrer[1].

La menace de Pusey et de Liddon eut un effet considérable, notamment sur l’épiscopat. Elle raffermit les défenseurs ébranlés du Symbole, intimida les adversaires. Tait, fort dépité de voir ainsi faire échec à son dessein, « réprouva, » dans un mandement, « la conduite déraisonnable de certaines personnes éminentes qui déclaraient qu’elles briseraient l’Eglise en deux, si l’on adoptait un moyen autre que le leur de résoudre une grave difficulté ; » mais il n’en sentit pas moins la nécessité de battre en retraite, et, au risque de se faire reprocher sa couardise par Stanley, il finit par se rallier à l’expédient, proposé par Pusey dès l’origine, d’une note explicative. Comment la rédiger ? Plusieurs formules furent examinées. Pusey suivit de près ce travail, fort attentif à ne rien laisser passer qui affaiblît la portée dogmatique du Symbole. Il est curieux de le voir, dans l’exercice de cette sorte de surveillance, tenir à prendre l’avis de Newman et à s’assurer par lui que telle interprétation serait admise dans l’Eglise romaine. Newman, de son côté, en dépit de la séparation accomplie, s’intéressait aux honnêtes efforts de son ancien ami, pour défendre la part de vérité dont l’anglicanisme était resté en possession, et il avouait ressentir « un véritable attendrissement, en voyant un homme qui avait fait tant de bien à l’Église

  1. Life of Pusey, t. IV, p. 240-241.